En Éthiopie, une importante délégation de haut niveau représentant la communauté internationale est arrivée à Mekele, la capitale du Tigré jeudi 29 décembre, pour la première fois depuis les accords de Pretoria. Les médiateurs de l'Union africaine Uhuru Kenyatta et Olusegun Obansanjo étaient du voyage, ainsi que le secrétaire général de l'organisation régionale l'Igad et une trentaine de hauts diplomates africains et occidentaux.
À chaque jour son " geste fort ", comme on dit en politique. Ce jeudi ce geste a été fait sur le tarmac de l'aéroport de Mekele, toujours juste rouvert au trafic aérien : un avion d'Ethiopian Airlines a atterri avec à son bord Uhuru Kenyatta, tout sourire et répétant combien il était " heureux ", aux côtés d'Olusegun Obasanjo et suivis par le secrétaire exécutif de l'autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) Workneh Gebeyehu. Soit certains des plus importants négociateurs de l'accord de Pretoria.
Tous ont multiplié les accolades avec le président du gouvernement régional du Tigré Debretsion Gebremichael et son stratège militaire, le général Tsadkan Gebretensae.
Ont ensuite défilé pour des poignées de mains 32 diplomates et militaires africains et européens, dont l'ambassadeur britannique, le ministre éthiopien de la Justice et des représentants d'institutions financières internationales. Et un avion humanitaire du Comité international de la Croix Rouge (CICR) a également atterri avec eux.
A l'agenda : la poursuite des discussions entre les anciens belligérants bien sûr, mais surtout le lancement du Mécanisme d'observation et de surveillance de l'UA, prévu par l'accord de paix de Pretoria.
Mais il s'agissait aussi de donner des garanties au Tigré, alors que la police fédérale a annoncé avoir repris officiellement ses fonctions ce jeudi à Mekele, pour protéger les institutions fédérales. " Un bataillon " de l'armée fédérale est également entré pacifiquement dans le Tigré, d'après Getachew Reda, le conseiller du président du gouvernement du Tigré.
Les communications téléphoniques ont été rétablies ce jeudi à Mekele, après plus de deux ans de coupure. Toutefois à ce stade toute la région n'a pas encore pu être reconnectée au réseau.
Si nous combinons nos efforts, il n'y a pas grand chose qui puisse nous résister. Je veux dire combien nous apprécions ce qui a déjà été accompli, même s'il reste un long chemin à faire avant que toute la gamme des services de base, que le peuple tigréen mérite grandement, soit entièrement rétablie. Mais tant qu'il y a un engagement - et je crois qu'il y a un engagement - rien ne peut nous empêcher d'atteindre nos objectifs. Bien sûr, nous pouvons accomplir plus de choses. Il reste du chemin à faire. Il y a des perturbateurs, sous la forme de forces étrangères. Il y des mesures à prendre pour protéger la population civile. Mais ce que nous avons vu déjà, c'est que lorsque nous y consacrons un effort commun, nous pouvons tout surmonter.
Pour Getachew Reda, le conseiller du président du gouvernement du Tigré, l'arrivée de cette délégation à Mekele est le signe que "l'effort en commun" doit continuer.