Congo-Kinshasa: L'est de la RDC isolé après l'effondrement d'un pont

30 Décembre 2022

Le trafic routier est coupé depuis deux semaines entre l'Ouganda et les villes de Butembo et Beni. C'est une voie routière essentielle pour le commerce.

L'est de la RDC est coupé des pays de l'Afrique de l'Est à partir de la ville de Beni depuis samedi 11 décembre 2022, suite à l'effondrement du pont Lume, sur la Route nationale numéro 4 en territoire de Beni (Nord-Kivu). Ce pont s'est effondré au passage d'un poids lourd en provenance de la cité frontalière de Kasindi à destination de la ville de Beni.

Une ambiance inhabituelle s'observe au niveau de ce pont. Des centaines de jeunes manutentionnaires se sont déployés sur le lieu.

Leur travail est de décharger des véhicules en provenance de l'Ouganda pour les recharger sur d'autres qui attendent de l'autre côté de la rivière. Il faut faire vite, car certaines marchandises ne doivent pas traîner sur les lieux.

Ils traversent la rivière d'environ 20 mètres de largeur en portant les colis au dos ou sur la tête.

Les deux dernières semaines, trois manutentionnaires ont perdu la vie par noyade, mais Éric lui, ne recule pas face aux risques.

"Des camions qui quittent Kasindi et l'Ouganda sont obligés d'être déchargés et nous évacuons toutes leurs marchandises. Pour faire passer un sac de ciment, c'est 1000 francs, un sac de farine 1000 Francs. Vraiment, nous sommes très fatigués. Il y a des amis qui ont perdu la vie il y a une semaine à cause de la fatigue. On ne gagne que 10$ ou 15$ par jour, mais c'est quelque chose, il faut travailler", explique cet habitant.

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Construction d'un pont provisoire

Des chauffeurs désespérés attendent impatiemment la fin des travaux de construction d'un pont provisoire en attendant le rétablissement de l'ancien qui s'est écroulé.

Le camion de Thierry fait partie de ceux qui sont bloqués dans l'embouteillage. Chaque soir, les chauffeurs doivent trouver où passer la nuit dans les villages environnants, mais leurs véhicules ne sont pas à l'abri des voleurs.

"Il y a une semaine depuis que je suis bloqué ici. Mon véhicule, le voici. Nous abandonnons nos véhicules ici pour chercher où on va passer la nuit. Cette zone n'est pas sécurisée, on a souvent peur surtout quand on sait que les assaillants peuvent venir incendier nos véhicules. Ou même venir nous attaquer là où nous dormons et causer des dégâts, c'est ça notre peur."

À 40 kilomètres du pont effondré, se trouve Kasindi, une cité congolaise se trouvant à la frontière avec l'Ouganda. Ici aussi, une colonne de véhicules traverse la ville. Les conducteurs déplorent que la solution ne soit pas vite trouvée, ce qui les oblige à passer les fêtes de fin d'années loin de leurs familles.

"Ici nous souffrons beaucoup, il n'y a pas où manger. C'est vraiment très regrettable que dans un grand pays comme le nôtre, un pont s'écroule et on met plusieurs jours pour le remettre ou trouver une solution provisoire. C'est vraiment honteux ! Nous sommes ici, nous ne bougeons pas, nos familles sont à Goma et ailleurs, comment vont-elles vivre, alors que nous-mêmes on n'a plus à manger ici. Ce qui est grave, c'est que nous sommes dans la période des fêtes de fin d'année, les enfants sont en train de nous appeler pour leurs besoins", témoigne Noé.

Vétusté

L'une des raisons de l'effondrement du pont Lume, est sa vétusté mais aussi, les surchargements des camions qui l'empruntent. D'autres ponts très vétustes et en mauvais état existent sur la même voie.

Il y a un peu plus d'une année, le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue Yoweri Museveni avaient lancé des travaux d'asphaltage de cette route, mais les travaux traînent.

Des unités des armées congolaise et ougandaise ont, ces derniers jours, renforcé la sécurité tout autour du pont endommagé afin de riposter à une éventuelle attaque des rebelles de Forces démocratiques alliées (ADF) actifs dans cette région et présenté par l'organisation État islamique (EI) comme sa branche en Afrique centrale (ISCAP en anglais).

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