Moroni est frappée par une pénurie d'eau et ses habitants doivent faire des choix cornéliens au quotidien. Manger ou se baigner, faire la lessive ou bien la vaisselle sont quelques-uns des choix que doivent faire certains habitants de la capitale face à une situation qui est devenue récurrente.
Cette pénurie d'eau date, depuis mi-octobre, à cause notamment d'un incident à la station de pompage de Vouvouni.
Au nord de la capitale, zone la plus impactée par la pénurie, Samira nous reçoit chez elle. La jeune femme qui gère une société de nettoyage vit avec trois personnes âgées et chaque jour, elle doit faire des choix qui sont loin d'être anodins. Aujourd'hui par exemple, faute d'eau, elle ne peut pas faire la lessive et les vêtements s'empilent dans un coin de la maison. Elle nous raconte son ras-le-bol.
" Personnellement, j'ai trois personnes âgées. Trois personnes âgées! Si l'eau revient, que dois-je faire? Leur faire la toilette, à manger ou la lessive ? Vous voyez un peu ce dilemme qu'ils nous imposent? Vous voyez où nous en sommes? C'est grave. À un moment donné, on doit faire un choix entre faire à manger ou se doucher. L'eau n'est pas nécessaire à la vie... l'eau, c'est la vie!", alerte Mlanao Roland Samira.
Loin d'être un cas isolé, cette situation commence à lasser les habitants de la capitale. La Fédération comorienne des consommateurs (FCC) s'insurge contre le silence de la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (Sonede) et invite les autorités à agir.
"La Sonede cache ses limites derrière un silence arrogant. L'État doit donc en urgence outiller les quartiers de citernes communes, d'installations solides et penser à former les usagers à une consommation responsable", souligne Nasrat Issa Mohamed, présidente de la FCC.
Pour ne rien arranger à une situation déjà chaotique, les vendeurs d'eau sortent à peine d'une grève durant laquelle ils dénonçaient les différentes complications qu'ils rencontrent dans la collecte de l'eau dans la station de pompage de la Sonede.
Quant aux rares habitants qui ont la chance d'avoir des citernes dans leurs maisons, il leur faut attendre au moins une semaine pour espérer avoir le précieux liquide.