En Algérie, le journaliste Ishane El Kadi a été placé en détention provisoire, au soir du jeudi 29 décembre. Arrêté une semaine auparavant, le fondateur de Radio M est visé par une enquête pour collecte illégale de fonds et atteinte présumée à la sûreté de l'État. Cette nouvelle arrestation s'ajoute à la fermeture de médias et aux condamnations d'autres journalistes algériens, ces derniers mois. À l'aube d'une nouvelle année, que reste-t-il de la presse libre algérienne ?
De la censure, des arrestations et détentions de journalistes ou encore une législation toujours plus stricte à l'égard des médias... 2022 a été, selon un spécialiste des médias algériens, une année noire pour le journalisme du pays. Cette situation dure, en réalité, depuis le printemps 2020, avec le Hirak et n'est pas près de s'arranger.
En avril dernier, le quotidien Liberté a cessé de paraître. Son principal actionnaire, Issad Rebrab, a décidé de liquider le média pour se mettre dans de meilleures relations avec les autorités et ainsi protéger ses intérêts. Après avoir résisté aux pressions, pendant trente ans, le journal a donc mis la clé sous la porte.
La situation n'est pas plus rose du côté d'El Watan, empêtré dans une grave crise financière. Avec des journalistes non payés et en grève depuis le mois de juillet, les anciens ont eux-mêmes dû reprendre stylo et bloc-notes pour assurer le service minimum.
Avec l'arrestation d'Ishane el-Kadi et la mise sous scellés, samedi dernier, de l'agence Interface Médias, le pouvoir algérien renforce davantage sa mainmise sur l'information en s'attaquant à deux des derniers médias libres du pays.
Les observateurs, eux, s'inquiètent également de l'arrivée du nouveau projet de loi sur l'information. Prochainement présenté devant l'Assemblée populaire nationale, celui-ci prévoit notamment de couper le financement extérieur ou de sources qualifiées suspectes des journaux et sites Internet.