Madagascar: L'ile Sainte-Marie, de Nosy-Ibrahim à Nosy-Boraha

Nosy-Ibrahim, ce serait le premier nom connu de l'ile Sainte-Marie. Il se base sur une légende. Un jour, dit-on, un juif nommé Abraham débarque sur l'ile. Toutes les femmes le rejettent hormis une vieille dame qui lui offre à boire et à manger.

D'autres chercheurs se réfèrent à la venue très ancienne d'Hébreux ou de Yéménites, car selon Flacourt, " ils chômaient le samedi et non le vendredi ". Le collectionneur Luc Monteret, au cours d'une animation au Musée de la photographie de Madagascar à Anjohy, le 19 novembre, où, pour la quatrième fois il est invité pour livrer, cette fois-ci, ses Notes historiques sur Sainte-Marie, des pirates à l'Indépendance (lire précédente Note), signale la découverte de l'ile faite par des marins portugais. C'est en 1506, le jour de l'Assomption, et ils la baptisent Santa-Maria Dans la carte établie par Etienne de Flacourt en 1656, elle est nommée Nossi Ibrahim ou Santa Maria. Les populations locales l'appellent aujourd'hui Nosy-Boraha.

Car selon une autre légende, un certain Boraha aurait recueilli Jonas, chassé par une baleine et déposé sur la plage par un dauphin salvateur. C'est également " l'Ile des femmes " aux traits joliment métissés. Les habitants de Sainte-Marie sont, pour la plupart, des Betsimisaraka. Un des premiers " découvreurs " les décrit ainsi : " Les hommes avaient quatre javelines garnies de pointe d'argent, (... ) n'avaient qu'un vêtement fort adroitement tissé de quelques herbes de diverses couleurs. Ils portaient chacun un roseau avec de l'eau salée. C'étaient de grands hommes, puissants, tels que sont communément tous ceux de cette ile.

Ils ont de grands boucliers de bois dont ils se couvrent tout entier lorsqu'ils se baissent, en sorte qu'on ne peut voir qu'une partie de leurs pieds. " Les femmes de Sainte-Marie sont issues de nombreux brassages de populations. L'ile compte environ cinq mille habitants jusqu'au début du XXe siècle. En 1898, une cinquantaine de colons originaires de La Réunion, quatre fonctionnaires français, deux prêtres et quelques commerçants indiens y résident. " De nos jours, la population est d'environ trente mille habitants, hors touristes! ", précise Luc Monteret.

Ce dernier souligne que, dès la fin du XVIIe siècle, les pirates, chassés des Caraïbes, trouvent à Sainte-Marie, un havre pacifique et abrité. " Assez nombreux (environ un millier) et disposant d'une vingtaine de vaisseaux, ils y prospèrent, se mêlant aux populations locales. " L'un des pirates anglais, Thomas White, épouse une princesse betsimisaraka et leur fils métis, sous le nom de Ratsimilaho, unifie les populations de l'ile et des terres continentales qui lui font face. Ami des Européens, il permet aux Réunionnais de s'établir dans l'ile comme base arrière pour leurs approvisionnements à Madagascar.

" On trouve encore aujourd'hui dans le cimetière, les tombes où certains pirates reposent. " Au milieu du XVIIe siècle, des Français s'installent dans le Sud pour le compte de la Compagnie des Indes orientales et y créent Fort Dauphin, ainsi nommé en l'honneur du futur Louis XIV. Mais, devant l'hostilité des autochtones de la région, les Antanosy, ils doivent en 1674, quitter rapidement les lieux. Quelques-uns s'installent à Sainte-Marie et sur la côte Est, à Foulpointe au nord de Toamasina.

" Peu nombreux, mal soutenus, ils végètent et la Grande ile cesse d'intéresser la France pour près de deux siècles encore. " Ces premiers colons ont, en effet, pour la plupart, fui vers l'ile alors totalement déserte, de Bourbon (La Réunion d'aujourd'hui), avec un contingent de Malgaches amenés souvent de force. Ils y font souche, ainsi qu'à l'ile Maurice (alors Ile de France), occupée en 1715 après que les Hollandais l'ont délaissée au profit de leur colonie du Cap.

Le gouverneur commun aux deux iles séjourne à Maurice, mieux située, moins sujette aux cyclones et dotée de deux bons ports. Bourbon, qui en est dépourvue, mais est plus fertile, est réduite à approvisionner son ile sœur. Le gouverneur Mahé de la Bourdonnais prend en 1742, possession des Seychelles qui recevront leurs premiers colons en 1770. En 1767, Louis XV rachète Bourbon et l'Ile de France à la Compagnie des Indes orientales, en faillite.

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