Tunisie: Un vendeur de sable s'en va

31 Décembre 2022

La société Minerali Industriali Tunisia SA (MIT) fondée en 2001 à Oueslatia, dans le gouvernorat de Kairouan, qui est spécialisée dans le traitement et la transformation des sables siliceux qu'elle revend à des clients tant à l'étranger que sur le marché local, vient de brandir la menace de fermer ses sites dans notre pays à cause d'une nouvelle taxe dans la loi de finances 2023 qui représente plus d'une fois et demie à deux fois le prix de vente actuel.

Alors que la Tunisie est touchée par l'une des crises sans doute les plus graves de ces 60 dernières années et que ses équilibres financiers sont plus que fragilisés, cet investisseur italien, au lieu de se tenir aux côtés du pays, préfère recourir à l'intimidation et brandir la menace de fermeture qui causera plus de chômage dans les régions intérieures où il a amassé pendant plus de deux décennies une fortune.

Le départ de ce genre d'investisseur dont la cupidité l'emporte sur les valeurs de solidarité en temps de crise est certes regrettable mais ne sera pas fatale pour la Tunisie. En effet, quand la férocité du gain facile l'emporte sur la solidarité d'un investisseur qui veut toujours gagner plus sans concéder le laps d'une année difficile, cela devrait nous exhorter à le remplacer par d'autres acteurs locaux ou internationaux plus imbus de valeurs humaines et d'inclusion sociale.

Il suffit de faire preuve de courage, de lucidité et d'inventer les nouvelles réponses à une crise telle que nous n'en avons jamais connu dans son ampleur et dans ses contours.

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Certes, il faut se remettre en question, s'adapter et se tourner vers les entrepreneurs locaux pour attirer des investisseurs autres que ceux qui restent arc-boutés sur leurs certitudes, qui refuseraient la solidarité et l'adaptation en temps de disette. On ne dit pas qu'on veut des investisseurs qui dépenseraient davantage que ce qu'ils ne gagnent mais d'investisseurs qui se contenteraient de gagner moins sans toutefois mener leurs entreprises au déclin et à la ruine.

Il est temps d'accorder aux jeunes entrepreneurs tunisiens les avantages compétitifs octroyés aux investisseurs étrangers et les facilités de financement nécessaires pour transformer la réputation d'un pays qui n'encourage pas l'entreprise à celle d'un pays capable de compter sur ses propres enfants et libérer leur potentiel créatif. Car si un étranger arrive à vendre du sable tunisien, c'est que nos concitoyens butent sur des difficultés dont les étrangers sont épargnés. L'Italie a besoin du sable tunisien pour son industrie verrière, et l'exploitation d'autres carrières de sable d'Egypte ou du Maroc lui reviendrait beaucoup plus cher rien qu'en termes de qualité et de transport. Alors, ne nous voilons pas la face, si cet investisseur part, il offrira sa place à des acteurs locaux qui sauront mener le même travail.

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