Unique footballeur à avoir remporté en trois occasions la Coupe du monde, Pelé a également fait un petit crochet par Maurice malgré son agenda rempli à l'époque. Le Roi, comme on le surnomme, avait été invité par Pepsi le 28 janvier 1976. Il avait assuré le show au stade George V à Curepipe ce jour-là. Un stade noir de monde car Pelé bénéficiait d'une notoriété mondiale et venait de remporter la Coupe du monde six ans plus tôt.
Présent pour l'occasion en tant que journaliste, Monaf Hossenbaccus, auteur du livre Muslim Scouts SC, Au fil du temps, a pu se frayer un chemin à l'hôtel Continental à Curepipe où la star auriverde rencontrait la presse mais aussi ses fans. "J'étais accompagné de mon collègue Suresh Ram. Nous étions journalistes au Star. C'était avant tout une rencontre avec la presse mais plusieurs autres personnes y ont aussi eu accès. La salle était bondée mais nous avons pu poser quelques questions à Pelé. Il était d'une simplicité incroyable. Il m'avait même signé un autographe", se remémore Monaf Hossenbaccus.
Le grand moment fut lorsque O Rei pénétrait sur la pelouse. Attaquant de renom, il prit place dans les cages pour l'occasion. "Il y avait une séance de tirs au but et Pelé s'était mué en gardien. Celui qui parvenait à marquer contre lui remportait plusieurs bouteilles de Pepsi. Il y avait une belle ambiance. C'est à la salle de cinéma Deux Familles que j'ai découvert ce joueur. Avant la projection du film, on diffusait les rencontres de la Coupe du monde de 1966, j'étais impressionné par Pelé. C'est à travers lui que j'ai découvert le Brésil", souligne Monaf Hossenbaccus.
"Une partie de mon histoire"
Cadress Dorsamy et Aboo Bakar Abdoolah étaient également présents pour l'occasion. Le premier nommé se souvient s'être beaucoup amusé au stade. "C'était très divertissant. Je me souviens que Pelé avait transformé un tir au but à l'aveugle. Il faisait aussi des jongles", explique Cadress Dorsamy. Ancien employé de L'express de 1992 à 1996, Aboo Bakar Abdoolah était également présent au stade George V. "Avant d'aller poursuivre mes études en Angleterre, je m'étais rendu au stade pour voir Pelé. Mon ami Krishen Poonoosamy avait marqué un but contre lui. Il y avait un traducteur car Pelé ne parlait pas anglais. Mais tout le monde comprenait quand il s'exprimait car il parlait avec passion." Grand admirateur de Pelé, notre interlocuteur se dit touché par le départ du Brésilien. "J'ai aussi assisté au match entre New York Cosmos et Chelsea à Stamford Bridge. C'était en 1978. Avec sa mort, je ressens comme une partie de mon histoire qui s'en est allée."
Sur la page Facebook de Lekip, Rabindra Thannoo se souvient avec précision de sa journée avant de pouvoir accéder au stade. "Mo rappel bien faire la queue pou gagne ticket avec beaucoup capsules. Mais ti donne juste 6 billets par dimoune. Lerla ban ki dans la queue commence jette zotte capsules emplis. Mo ti enan 10 ans ek mo ban camarade dans l'endroit nous ramasse ban capsules la nous faire la queue plusieurs fois pou gagne tickets. Apres jour bizin aller pas conner couma pou demande permission maître d'ecole pour ki li largue nous bonheur. Mo ti frere ek grand frere dans meme lecole fine donne maitre d'ecole Mr Dowlut different raisons... mama malade... papa pas bien... juste pou gagne permission pou rentre bonheur. Mo rappelle mo papa, Pele ti so idole."
Dans un article de l'express paru le 29 janvier 1976, soit au lendemain de la visite du Roi, on pouvait lire que des collégiens avaient en effet boudé les classes ce jour-là pour assister à cet événement historique. C'est dire l'influence que dégageait le Brésilien partout où il passait.