Les producteurs et opérateurs en activité sur le marché de l'exportation des graines d'arachide sont dans tous leurs Etats.
Sommés d'arrêter leurs transactions commerciales depuis plus d'une dizaine de jours, sur décision ministérielle, ces acteurs de la filière arachidière et leurs collègues du marché de l'exportation invitent l'État à faire preuve de vigilance et à surseoir à toute décision liée à la suspension des activités d'acheminement de l'arachide vers les pays étrangers, la Chine en particulier. Autrement dit, ils en appellent, sans délai, à la réouverture des frontières et à offrir aux exportateurs l'opportunité de poursuivre en toute quiétude leurs activités de routine. Et ceci pour éviter de renvoyer des milliers et des milliers de citoyens au chômage et provoquer des pertes de plusieurs milliards aux investisseurs ayant contracté des prêts bancaires ou vendu une partie de leurs biens pour investir dans la chaîne.
Fortement mobilisés avant-hier autour d'un point de presse, dans un de leurs entrepôts sis dans la commune de Keur Madiabel, ces opérateurs et producteurs n'ont guère hésité de pointer un doigt accusateur sur le directeur général de la Sonacos, Modou Diagne Fada, lequel est soupçonné d'être à l'origine de toutes les manœuvres allant au détriment de leur activités de collecte et contre l'amortissement des activités dans le marché extérieur. Déjà, il y a trois ans auparavant, rappelle-t-on, le même phénomène s'était produit, sous prétexte de libérer la Sonacos dans son système de collecte. Ce qui, du coup, avait créé de vives réactions contestataires du côté des opérateurs et autres acteurs de la chaîne.
Très remontés contre ce genre d'agissements, ces producteurs et opérateurs ont saisi l'occasion pour annoncer leur refus de vendre leurs graines à la Sonacos, quelle que soit la durée du blocus et ses conséquences. Toutefois au niveau des entrepôts, plus de 500 mille tonnes d'arachide sont en souffrance et les opérateurs, quasiment désespérés, craignent que toute cette production soit en péril et par conséquent ne réponde plus aux besoins du marché (extérieur), pis aux exigences de la Direction de protection des végétaux (Dpv), l'organe chargé du contrôle phytosanitaire.
En attendant, dans les unités de décorticage, malgré la présence d'une infime population de travailleurs, c'est le calme plat. Les machines de décorticage qui tourbillonnaient à longueur de journée sont à l'arrêt. Et leurs conducteurs, assis sous les hangars de fortune, attendent encore que la situation se décante, sans grand espoir. De l'autre côté, derrière les énormes tas de coque d'arachide, les gros porteurs qui assurent la navette entre les unités de décorticage, de mise en sac et les entrepôts d'achat attendent encore d'être chargés. Et cela depuis dix (10) jours maintenant, alors que leurs convoyeurs commencent déjà à épuiser leurs fonds de route.
Avant-hier, dans ce grand périmètre poussiéreux de Keur Madiabel, l'émotion était grande et la déception se lisait sur tous les visages. Le guide religieux de la localité, Serigne Mahi Barham Niasse, en sa qualité de producteur, a lui aussi marqué son soutien aux opérateurs et de surcroît a invité l'État à aider les paysans car, constate-t-il, si la situation perdure, elles seront plusieurs milliers de familles à aller au charbon.