L'initiateur des "48 Heures" de Diali Foda a donné corps à la troisième édition de ces journées culturelles, lundi et mardi dernier à Tanaff, dans l'extrême Sud du pays. Dr Amadou Bouyé Koutoudio, professeur et chercheur en tradition orale, a vivifié les œuvres de ce grand griot et maître de la parole en langue nationale Mandingue, sous l'angle de l'enracinement et de l'ouverture, comme pour retrouver le "carrefour des civilisations" tant prôné par le président poète Léopold Sédar Senghor.
Les "Quarante-huit heures" ("48 Heures") de Diali Foda ont vécu sous le signe de l'enracinement et de l'ouverture, comme pour s'accommoder à la volonté du poète président Léopold Sédar Senghor. Diali Foda fut incontestablement un grand maître de la rhétorique de la langue Mandingue et dont l'exaltation et les envolées lyriques faisaient voyager tous ceux qui lui prêtaient une oreille dans le glorieux passé de l'empire du Mandé, en Afrique de l'Ouest.
Ces journées dédiées à la culture sont initiées par Dr Amadou Bouyé Koutoudio, professeur d'université et chercheur en tradition orale. Il en est à sa troisième édition, à son Tanaff natal, dans l'extrême Sud du pays. "Diali Foda était un grand poète et grand révolutionnaire de la langue Mandingue et en même temps un grand moraliste. Il stigmatisait les contre modèles et les travers de la société et exaltait les vertus cardinales. Personne n'a pu l'égaler, en termes de la langue Mandingue. C'est en quelque sorte l'équivalent de Kocc Barma de la langue Wolof. Je remercie le maire de Tanaff, Léonce Nzallé, pour son précieux soutien et sans lequel cette troisième édition allait être compromise", a-t-il déclaré.
Manifestement très comblé de retrouver ce terroir qu'il a servi il y a bien des années, Mamadou Mbaye, enseignant-chercheur et formateur-consultant en développement local, ami de Dr Amadou Bouyé Koutoudio, fait observer que "c'est un immense plaisir pour moi de revenir ici, après avoir quitté ce terroir depuis 1982. Dr Koutoudio, au-delà de l'université, nous nous sommes rencontrés à Keur Birago comme poète et chef des langues nationales : lui en Mandingue et moi en Wolof. L'individu ne doit pas abandonner sa culture. C'est pourquoi Senghor disait qu'il faut bien s'enraciner d'abord, avant de s'ouvrir aux autres".
L'adjointe au maire de Tanaff, Awa Sané, dit y avoir beaucoup appris et réaffirme le soutien indéfectible de son institution. "Personnellement, j'ai beaucoup appris de ces journées et j'exhorte les autres acteurs culturels à porter le plaidoyer. Quant à l'institution municipale, le maire Léonce Nzallé est très attaché à la culture ; raison pour laquelle il n'a pas hésité à soutenir Dr Koutoudio. Il existe une ligne budgétaire affectée à la culture et nous ferons de notre mieux", rassure-t-elle.
Dr Amadou Bouyé Koutoudio, lui-même ouvrier chevronné de la parole, est d'avis que les réseaux sociaux doivent servir de tremplin et non de travestissement des valeurs de la langue Mandingue. Enfin, et dans une salle archi-comble, Professeur Koutoudio a invité l'audimat à pousser bien profondément les racines de leur culture et de garder ouverte la fenêtre sur la planète.