Madagascar: Sans-abris - Réveillon sous le tunnel d'Ambanidia

Depuis la pandémie, on constate qu'il y a de plus en plus de personnes qui se retrouvent à la rue. En dehors des aides ponctuelles, il n'y a encore aucune politique et stratégie mise en place pour la prise en charge des malheureux.

Alarmant !

Il n'y a pas assez de mots pour décrire la situation actuelle. Le nombre de sans-abris ne cesse d'augmenter dans la ville d'Antananarivo. Malgré l'absence de statistiques exactes, les faits sont là ! On peut retrouver les sans-abris un peu partout le soir, à partir du moment où ces derniers peuvent trouver un endroit où se réfugier à l'abri des intempéries et du vent.

Bien entendu, les lieux comme le tunnel d'Ambohijatovo et le tunnel d'Ambohidahy, ainsi que les arcades d'Analakely sont les plus fréquentés. Parmi les sujets mis en cause pour cette recrudescence du nombre de sans-abris, il y a en premier lieu la pandémie de Covid-19 qui a fait que de nombreuses entreprises ont été contraintes de mettre les clés sous la porte. Et pour couronner le tout, la réactualisation des impôts sur l'habitation qui forcent les propriétaires à hausser le prix des loyers. " Nous n'avions plus eu les moyens de payer le loyer depuis plusieurs mois alors que notre propriétaire a annoncé une hausse à cause d'une augmentation des impôts. Nous étions obligés de quitter notre hébergement le temps de trouver une solution ", déplore Ravaka, une mère de famille.

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Difficultés

Plus de distinction de genre et d'âge, tous dorment à même le sol et essayent de trouver le sommeil après des journées difficiles. Des morceaux de cartons servent de lit de fortune, se partageant des bouts de tissus qui les couvrent à peine pour se tenir au chaud et passer la nuit. À part les nouveaux venus, certains d'entre eux vivent dans la rue depuis des dizaines d'années.

Interrogés, ces derniers évoquent des raisons comme le fait de ne pas pouvoir payer de loyer, le fait de ne pas avoir les moyens pour rentrer chez eux, le fait de ne pas avoir de famille chez qui se réfugier... " Cela fait maintenant deux ans que je dors avec mes trois enfants sous les arcades d'Analakely, je n'ai pas le choix parce que mon mari m'a quitté et ma famille se trouve à la campagne, à Ambositra. Et je n'ai pas les moyens de les rejoindre. Nous dormons ici à partir de 22 heures et nous devons quitter les lieux avant l'ouverture des magasins ", témoigne Harisoa.

Insécurité

Même dans leurs situations actuelles, ils sont aussi inquiets au sujet de la sécurité. En effet, bon nombre de ces femmes qui vivent dans la rue sont victimes de violences et d'abus sexuels. Elles se sentent désemparées, car personne ne se soucie de leur sort. Le jour, ces personnes sont contraintes de surveiller leurs affaires car il n'y a aucun lieu sûr pour les stocker. Certains d'entre elles espèrent une aide conséquente du gouvernement pour les guider vers un futur meilleur. Les aides qu'elles ont reçues jusque-là n'étaient juste que des actions effectuées par les différentes organisations face à l'urgence de la situation.

Sites

Le ministère de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la femme (MPPSPF) a mis en place des sites d'hébergement comme le SEBA et le MADCAP, mais cela ne les intéresse pas, justement à cause de ce manque de prise en charge. Elles espèrent une aide similaire aux vendeurs de la Petite Vitesse, parce qu'actuellement, ils vivent au jour le jour.

Dans la soirée du 27 décembre dernier, les responsables du ministère ont fait une descente pour convaincre ces derniers de rejoindre les sites d'hébergement. Selon le ministère, cette action est effectuée afin de sensibiliser les plus démunis parce que l'on a constaté ces derniers jours, qu'ils revenaient dormir dans la rue alors qu'on les a déjà pris en main dans les sites d'hébergement.

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