Congo-Brazzaville: Rencontre littéraire - Le Pr Omer Massem présente son ouvrage "Ne laisse pas la nuit tomber sur tes épaules"

Sixième recueil de poèmes du Pr Omer Massem, poète des cinq continents, "Ne laisse pas la nuit tomber sur tes épaules", paru aux éditions L'Harmattan, Paris (France) le 29 août 2022, compte 80 pages. Il a fait l'objet d'une rencontre littéraire, le 27 décembre, à l'Institut français du Congo de Brazzaville.

Le recueil parle de la poésie qui devient aussi parole de bénédiction et le lien divin ainsi fixé et reconnu qui habite l'humanité. En effet, face à l'arnaque, la poésie devient une parole de vie pour sauver la descendance de l'emprise du Mal et lui transmettre des paroles séculaires, celle du kimuntu et celle du christianisme. Le poète fait don du kimuntu comme cercle protecteur qui garantit la paix de l'enfant tant qu'il ne se hasarde pas à l'extérieur.

Critiquant l'ouvrage, Z-Ulrich de Dieu, de son vrai nom Ulrich Bakoumissa Ngouani, a fait savoir que "Ne laisse pas la nuit tomber sur tes épaules" se laisse à lire suivant deux mouvements : la généalogie qui n'est autre que la longue marche du poète vers ses origines du royaume Kongo, autrement dit kongo ndia ntotila où réside le kimuntu par le biais de ses paroles de vie, et le second mouvement porte sur le cosmos bantu qui implique l'enracinement du poète à ses origines tout en respectant les principes de Kimuntu pour lesquels auprès de cette force divine l'on retrouve l'amour, la fraternité au-delà des confréries et lumières chantées par les occidentaux.

%

Dans le premier mouvement, a poursuivi le critique, le poète se livre à une période de famille, d'amour pour son terroir voire son continent : " Nous sommes donc une longue marche de la parole de vie, nous sommes des êtres purs marqués certes par la dureté de la vie, mais aussi par la poésie de l'amour " P.19. Dans cette poésie de l'amour qui déclinerait la longue marche, le poète se fait chantre de ses origines, explorant moult souvenirs du royaume Kongo béni par Nzambi ya mpungu. La preuve en est que la poésie ici est le fruit des entrailles des clans Mindamba et Mizobo : " Le père de ma mère se nommait Nguma, et elle s'était mariée à un Nguma, avec qui elle n'avait pas de lien de sang. Elle était du clan Mindamba et lui du clan Mizobo ", P.8.

Massem, qui n'est autre que le diminutif du nom Massoumou, se laisse à concevoir dans ce recueil comme l'accomplissement de l'un des vœux de son père afin de s'échapper d'un triste sort qui traduit la bénédiction : " Là où le pêché abonde, la grâce surabonde, de Masumu est né des Massem, de Massemo ou Biassemè, des êtres et des choses de la bénédiction, ceux qui sont bénis, ce qui est béni. C'est pourquoi ton nom est Massem " P.13. De cette symbiose nominale entre Kibiti et Massem, le poète fait éloge de sa terre bénie dont il en est fier d'être le descendant : " Je suis une boue congolaise, Poto-Poto, une part de boue stylée qui sait qu'elle vient de la terre, qu'elle devient un territoire, qu'elle devient un corps " P.12 pour confirmer son enracinement au terroir.

Un recueil qui pose un contraste identitaire

Le second mouvement, a indiqué le critique, s'intitule " Cosmos bantus ". L'on note ici l'influence de Kimuntu qui " précède les dix commandements ", P.13, sur la vie du poète. Seul lui a le pouvoir d'annuler le " baptême de l'ombre, ce baptême innommable ", P.30. Ici, le retour vers Kimuntu oblige. Ce qui permettrait au poète de s'échapper des cercles obscurs qui nous parlent que de ces dieux étrangers : " Reste avec nous dans le Kimuntu et suivons le Seigneur comme Saint Pierre ", P.33. Ce passage marquerait son affermissement au Kimuntu pour ne pas s'enfoncer dans la noirceur de l'abîme. En effet, il ne sert à rien de s'autoproclamer enfant du Très Haut et rompre avec le Kimuntu.... Le poète pose là des vraies problématiques de l'existence. Comme l'affirme Tati Loutard : " La poésie est l'expression de ce qui se dit de plus sérieux sur la vie ".

Ce recueil pose également un contraste identitaire, souligne Z-Ulrich de Dieu. Si dans le premier, le poète fait éloge de ses origines, on remarquerait que nous avons ici un poète qui partage deux nationalités : " Je ne sais quoi répondre à la question qu'on me pose " tu viens d'où ? ", je suis d'ici et d'ailleurs. J'ai épousé les couleurs de là où j'ai vécu, Nkayi autrefois Jacob, Pointe-Noire, Brazzaville, Nancy, Paris ", P.43, la tâche revient dès lors au lecteur de le classer où il le veut puisque selon Umberto Eco : " l'œuvre littéraire demeure ouverte ". Après cette lecture attentive, le poète met à notre disposition des indices qui permettent de le classer : " Je suis une boue congolaise, Poto-Poto, une part de boue stylée qui sait qu'elle vient de la terre, qu'elle devient un territoire, qu'elle devient un corps " P.12 pour confirmer son enracinement au terroir.

Pour conclure, Z-Ulrich de Dieu dit que "Ne laisse pas la nuit tomber sur tes épaules" est une œuvre à lire avec modération puisque la virtuosité créative y est. " Celle-ci par ses mots sur papier qui flambent au regard, pousse à la réflexion pour répondre à nos attentes. Que l'ignorance n'éteigne pas notre lumière au risque la nuit tombe sur nos épaules ", conclu-t-il. Enseignant de littérature, Omer Massem est auteur de plusieurs recueils de poésie.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.