Sembène Ousmane aurait eu cent ans ce 1er janvier 2023. Cette figure mythique du cinéma africain, également romancier et nouvelliste, était né à Ziguinchor et avait découvert le pouvoir du 7ème art, qu'il mettra au service de son engagement politique, au service de la justice et de la représentation de l'Afrique. La cinémathèque française à Paris lui rendra hommage avec une rétrospective à partir de jeudi prochain.
Sembène Ousmane, mort le 9 juin 2007, est devenu une figure majeure de l'Afrique contemporaine, dont l'œuvre est enseignée dans les universités américaines.
" J'ai grandi dans un petit village au Sénégal, sans radio, sans télévision. Tout ce que j'avais, c'était les contes de ma grand-mère... ", racontait-il. C'est ainsi que Sembène Ousmane est devenu conteur à son tour, bien décidé à représenter l'Afrique à une époque où les images du continent provenaient du colonisateur blanc.
Élève indiscipliné, tour à tour maçon, docker au port de Marseille, tirailleur sénégalais, militant du Parti communiste français, Sembène Ousmane se bat pour l'indépendance de son pays. Il le fait caméra au poing, convaincu que le cinéma est une école du soir. En 1963, son film Borom Sarret, le parcours en 18 mn d'un pauvre d'entre les pauvres de Dakar, est le premier film tourné en Afrique par un Africain.
Cinéaste autodidacte, également écrivain, Sembène Ousmane ouvre la voie aux réalisateurs africains. En tout, il laisse neuf longs métrages, une œuvre consacrée à l'histoire de l'Afrique, de l'esclavage à la conquête islamique, de la colonisation française aux nouvelles bourgeoisies africaines.
L'aîné des anciens sera resté un révolté toute sa vie, dénonçant les con-versions forcées à l'islam dans Ceddo, un film longtemps interdit au Sénégal, le massacre des tirailleurs sénégalais par les Français dans Camp de Thiaroye ou l'excision des filles dans Moolaadé, son dernier film en 2004.