Sénégal: Retro 2022, Industries extractives - Les cimenteries au bord du gouffre

31 Décembre 2022

Un personnel de Dangote mis en "congés collectifs". L'année 2022 sera inoubliable pour les industries extractives sénégalaises. Particulièrement le fleuron que constituent les cimenteries. Elles ont failli mettre la clé sous le paillasson pour diverses raisons.

L'année 2022 a été également marquée par une crise des cimenteries au Sénégal. En effet, les trois grandes cimenteries sénégalaises ont failli mettre la clé sous le paillasson. D'ailleurs, l'une d'elle, Dangote Ciment Sénégal avait déjà envoyé tout son personnel en "congés collectif" à cause des difficultés que traversait cette entreprise.

Des difficultés dues à des facteurs exogènes liés à la pandémie de la covid-19, mais aussi et surtout, la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Selon les travailleurs de ces trois entreprises, la responsabilité incombe à l'Etat du Sénégal qui a "bloqué les prix du ciment alors que les prix des matières premières (charbon, clinker, emballage, gypse, pièces de rechanges) ont flambé de plus de 200 % dans certains cas. Ce qui fait que tout le monde vend à perte".

Malgré cette inflation sur les prix à l'échelle internationale, l'Etat avait décidé de maintenir les prix et de faire supporter le coût aux cimenteries. Face à cette situation, les revendeurs ont fait monter les enchères. La tonne de ciment flambe notamment dans les quincailleries.

Certainement à cause du trou qui causerait l'arrêt à Dangote quand on sait que cette cimenterie déverserait sur le marché entre 6000 à 7000 tonnes par jour. Un gap qui devrait désormais être comblé par Sococim et la Cimenterie du Sahel. Pendant ce temps l'Etat adopte la politique de l'autruche et pour des raisons politiques, il a privilégié le pouvoir d'achat des citoyens au lieu de trouver un juste équilibre et sauver les industries.

5000 EMPLOIS MENACES ET UN TROU DE 75 MILLIARDS DANS LES RECETTES DE L'ETAT

Pourtant, l'importance du secteur de la cimenterie n'est pourtant plus à démontrer. Rien qu'au niveau de la sous-traitance, c'est plusieurs emplois qui sont menacés. Selon les travailleurs, les trois cimenteries emploient plus de 5000 personnes (emplois directs et indirects).

Mieux, d'après le rapport de l'ITIE, ces industries rapportent au Trésor public des milliards de F CFA. Sur le dernier en date par exemple que nous avons visité, sur les 110 milliards collectés, les 75 milliards proviennent des trois cimenteries sénégalaises. Ce qui poussent nos interlocuteurs à dire, "qu'on est en train de saper la base de l'industrie sénégalaise". "Nous avons comme l'impression que l'Etat est en train d'étouffer les industries et les pousser vers la faillite. Nous sommes tous en danger !", s'exclamaient-ils. Comme solutions de sortie de crise, ils n'y voient qu'une seule alternative. "Ou l'Etat réajuste les prix ou les cimenteries nous licencient", soutiennent-ils, visiblement désemparés dans un article publié dans les colonnes de Sud Quotidien, le 23 aout 2022. Tout récemment encore, c'est le PDG de Sococim Industries, Youga Sow qui est monté au créneau pour sonner l'alerte dans l'émission D Clique de la TFM.

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