Tunisie: Zied Barbouch (Président de la Fédération Tunisienne de boxe) - "Redorer le blason de la boxe tunisienne"

2 Janvier 2023

C'est peut-être le combat de la dernière chance pour la boxe tunisienne. Voici enfin un bureau fédéral élu après tant de bureaux ramenés, installés et vissés via des procès et d'interminables hurlades qui nous ont coûté une mauvaise presse dans les hautes instances internationales. Le nouveau président du bureau fédéral, Zied Barbouch, nous a accordé cet entretien.

Quels sont les grands chantiers du nouveau bureau fédéral ?

" Nous avons déjà commencé à restructurer la direction technique de la fédération. Nous avons choisi un nouveau directeur technique qui a déjà commencé à préparer une liste des entraîneurs nationaux. Autre point important dans notre stratégie, c'est le renforcement des capacités et des qualités techniques de nos boxeurs. Ainsi nous avons choisi un entraîneur cubain pour prendre en charge notre équipe nationale. L'école de boxe cubaine est une référence mondiale. Elle a déjà fait ses preuves en Tunisie dans le passé.

Pourquoi un entraîneur étranger?

"Ce n'est pas une remise en question des entraîneurs nationaux mais les sensibilités et les tiraillements entre les entraîneurs tunisiens est, quelque part, responsable du déclin du niveau des boxeurs. Le directeur technique par exemple, est une compétence qui honore la Tunisie mais nous devons introduire l'esprit d'une école de boxe qui peut nous servir de modèle et capable d'aboutir sur de meilleures résultats. Cet entraîneur étranger constitue également un formateur pour une nouvelle génération de techniciens tunisiens. Ces derniers ne sont pas contre cette idée dans la mesure où ils expriment leur besoin pour une sorte de mise à niveau et parce qu'ils sont conscients de l'urgence de sauver ce sport.

%

Combien de boxeurs licenciés avons-nous aujourd'hui et est-ce que vous comptez augmenter ce chiffre ?

Actuellement nous avons entre 2.500 et 3.000 licenciés. Nous estimons que ce chiffre atteindra les 6.000 ou 7.000 pendant la nouvelle saison. Nous sommes convaincus que, pour créer des champions, il faut avoir un nombre important de boxeurs. Dans ce sens, nous allons soutenir tous les clubs en accordant la gratuité de la licence. Cette gratuité va permettre aux clubs d'attirer un grand nombre de jeunes boxeurs. Des boxeurs auxquels nous donnerons les moyens pour qu'ils percent. Mais au-delà de cette question, nous allons multiplier les compétitions parce que, à mon sens, ce genre d'exercice donne une plus-value technique et physique pour nos pugilistes.

C'est pour cela que vous avez relancé les compétions inter ligues ?

Effectivement. Nous avons remarqué que la Tunisie avait des boxeurs de haut niveau pendant la période où il y avait des rencontres inter ligues. Dans notre projet, nous avons fixé des ligues régionales auxquelles nous allons offrir les moyens pour organiser ces compétitions. Nous avons également créé un cahier des charges pour que les clubs puissent organiser ce genre de rencontres.

La plupart des clubs n'ont pas les moyens d'organiser des compétitions...

Ces clubs, nous allons les soutenir financièrement au début pour les encourager à réaliser ce genre de compétition. Ce qui nous intéresse, c'est que ces compétitions soient abouties et améliorent le niveau de nos boxeurs. Ensuite, ces galas et ces rencontres vont s'autofinancer et financer les clubs. Ces rencontres seront autonomes. C'est un projet que nous allons démarrer selon les normes de l'IBA( "International boxing association ").

Le rapport du bureau fédéral précédent était conflictuel avec l'IBA. Où en sont les choses avec le nouveau bureau ?

Je dirais qu'il y avait carrément une rupture du bureau précédent avec l'Union africaine de boxe et la Fédération internationale de boxe. Dès notre élection, nous avons procédé à la normalisation de la situation et nous avons rétabli la confiance de l'IBA en notre bureau élu.

Les éliminatoires africaines de boxe pour les Jeux olympiques 2024 auront lieu en Tunisie. Comment vous préparez-vous pour cela ?

Ces éliminatoires auront lieu sous l'égide du CIO. La Tunisie a été choisie pour les abriter. Nous allons bientôt nous réunir avec le Cnot afin de travailler sur le démarrage de cette manifestation qui aura lieu à Hammamet au mois de juin. C'est une manifestation très importante dans la mesure où elle va nous permettre de participer avec un grand nombre de boxeurs, ce qui augmenterait nos chances de participation aux prochains jeux olympiques.

Quel est votre bilan des rencontres techniques de Sousse?

En tant que bureau élu nous avons voulu retrouver la confiance des techniciens de la boxe et des responsables des clubs. Il s'agit de tendre une oreille attentive à leurs doléances et de tenter de dissiper les écueils auxquels ils font face. Il fallait également discuter le calendrier des compétitions en présence des clubs et avec leur participation.

C'est une première dans la mesure où, d'habitude, ces clubs reçoivent un calendrier imposé parfois à la " dernière minute ". Le fait de prendre note de toutes les injustices subies par les athlètes et les clubs et qui ont mené la boxe à un état de déliquescence peut aussi nous aider à améliorer notre trajectoire d'action dans ce domaine. Une trajectoire et un plan d'action qui partent aussi de la réalité du terrain.

Vous avez parlé d'injustice contre certains boxeurs et certains clubs. Comptez- vous rétablir l'équilibre dans cette terrible balance ?

En effet cela fait partie de notre stratégie. Travailler dans la transparence avec équité et justice est déterminant si on veut redorer le blason de ce sport. Les clubs ont beaucoup parlé d'injustice dans l'arbitrage, par exemple. Or, pour faire évoluer ce sport il faut avoir une structure d'arbitrage de très haut niveau et qui prône l'honnêteté. Pour ce qui est de la sélection des boxeurs à l'équipe nationale, nous devons déterminer des critères clairs et bien déterminés pour qu'aucun athlète ne soit lésé dans cette sélection. Le même principe d'équité sera appliqué au choix des entraîneurs nationaux.

Aujourd'hui, il faut des moyens financiers importants pour qu'un sport puise percer. Les subventions de l'Etat et le soutien du Cnot ne sont plus suffisants si on veut faire décoller la boxe.

Il ne faut pas oublier que nous offrons un produit très attractif et très populaire par rapport aux autres sports individuels. C'est un argument qui peut intéresser plusieurs hommes d'affaires qui nous font déjà confiance.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.