Congo-Kinshasa: Le poste-frontière de Bunagana, source de financement du M23

Le M23 aurait collecté 27.000 dollars en moyenne par mois au poste-frontière de Bunagana, selon le dernier rapport du groupe des experts des Nations unies.

Située à la frontière avec l'Ouganda et non loin du Rwanda, la localité de Bunagana a toujours eu une importance stratégique commerciale et militaire en RDC . Mais depuis juin dernier, elle est sous le contrôle totale des rebelles du M23. Cela ne vaut pas uniquement pour Bunagana, nous dit Augustin Muhindo chargé de la sécurité au sein de l'ONG Initiative Africaine de Sécours et de Développement basée en Ituri. Selon lui en effet, les taxes seraient de plusieurs ordres :

"Des taxes collectées par le M23, certaines sont destinées pour financer des fêtes des autorités du M23, il y a des taxes aussi prélevées pour la sécurité qu'assure le M23 dans les territoires conquis. Il y a Bunagana, Rutshuru Centre, Kiwanja, Rugari", explique-t-il. Selon Augustin Muhindo, ces taxes perçues par le M23 vont de 1.000 à 2.000 francs congolais par mois et par ménage.

Bunagana, passage stratégique

Le M23 percevrait aussi des taxes importantes collectées directement au poste frontière de Bunagana. C'est ce qu'affirme le rapport des experts de l'ONU pour la RDC.

Ces collectes illégales rapporteraient 27.000 dollars mensuellement au M23, c'est-à-dire de quoi se financer.

Les autorités de la province du Nord Kivu ont sensibilisé les commerçants afin qu'ils n'empruntent plus le poste-frontière de Bunagana afin de priver le M23 de financement. Ceux qui ne respectent pas cette mesure sont simplement considérés comme des traitres, explique Jean Paul Kuyamba de la Lucha à Goma, la capitale du Nord-Kivu.

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Un point de vue que partage aussi Colette Breackmann. Mais pour cette journaliste belge spécialiste de la région des Grands-Lacs, le danger qui guette l'est de la RDC est celui de la balkanisation.

"Dans les localités conquises, le M23 a remplacé l'administration territoriale congolaise. C'est une situation gravissime", estime Colettte Braeckmann. Cette occupation du territoire présente de graves risques pour un avenir proche, dit-elle : " Cela fait craindre à un morcellement du Congo, une balkanisation". Il faut rappeler que les combats ont repris hier ce 1er décembre entre les FARDC et le M23 , à 70 kilomètres au nord de Goma.

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