Alors que beaucoup ont la chance de se retrouver en famille pour accueillir la nouvelle année, d'autres n'ont malheureusement pas cette possibilité pour plusieurs raisons. C'est pour cela que le soir du réveillon, des hommes font appel à une travailleuse du sexe. Dans le confort de leur maison, en toute confiance, contre de l'argent, ils ont besoin d'une présence afin que la tristesse n'éclate pas comme un feu d'artifice ce soir-là.
Andréa (nom d'emprunt), âgée d'une trentaine d'années, a, cette année encore, tenu compagnie à un homme d'une cinquantaine d'années, le 31 décembre. Comme son épouse est décédée il y a quelques années et que ses enfants ne sont pas à Maurice, cet homme, qui souffre d'une maladie cardiovasculaire, se retrouve la plupart du temps seul. "À chaque fête, il fait appel à moi pour dîner avec lui et lui tenir compagnie, depuis deux ans maintenant. J'ai accueilli le Nouvel An avec lui pour la deuxième fois cette année. Linn konn mwa lor lari, mé apré nou'nn gard kontak", explique Andréa.
Être payée rien que pour être une présence le jour du réveillon, ou pour d'autres fêtes, est de plus en plus courant, explique-t-elle. Beaucoup de Mauriciens, dit-elle, ne savent pas à quel point beaucoup de leurs semblables sont seuls et livrés à eux-mêmes pendant les fêtes, face à la dépression et à la tristesse. Trois de ses amies, travailleuses du sexe, ont aussi déjà été appelées deux semaines en avance pour accompagner des hommes le 31 décembre.
"La plupart de ceux qui nous appellent sont âgés entre 50 et 80 ans. Ce sont majoritairement des hommes seuls dont les épouses sont décédées ou des divorcés sans enfant, ou dont les enfants sont occupés à faire leur propre vie", révèle une des amies en question que nous appellerons Sanjana (nom d'emprunt). Cette soirée du Nouvel An, raconte cette dernière, s'est passée dans le calme. Un dîner, des câlins, une oreille attentive et des éclats de rire. Le prix varie de Rs 3 000 à Rs 5 000. "Rs 3 000 si zis apré minwi ou alé. Rs 5 000 si ou resté dormi, alé gramatin." Selon nos interlocutrices, leur travail est peut-être considéré comme "sale", "un péché" ou encore "une gêne" pour certains. Mais pour d'autres, c'est du réconfort.