Dans son message à la population à l'occasion du Nouvel An, Pravind Jugnauth a fait comprendre qu'il ira jusqu'au bout de son mandat, et cela, dit-il, pour ne pas trahir la confiance que le peuple a mise dans son équipe en 2019. En clair, il ne faut pas s'attendre à des élections générales avant 2024. Ceux qui postulaient que le gouvernement organiserait des élections anticipées pour ne pas attendre le jugement du Privy Council, qui sera obtenu selon des légistes en 2023, ou pour ne pas avoir à "donner" des élections municipales en 2023, eh bien ceux-là devront refaire leurs prévisions.
Il faut savoir que si jamais le Privy Council donne gain de cause à Suren Dayal, les élections des trois élus du MSM au no 8 (Quartier-Militaire-Moka) seront déclarées nulles et non avenues. Ce qui pourrait mettre dans l'embarras - le mot est faible - tout le gouvernement. Et surtout rendre une réélection plus problématique à la suite d'élections organisées après un tel jugement défavorable. Alors que si des élections sont organisées avant le jugement du Privy Council, ce sera trop tard pour l'opposition. Car une élection gagnée vaut pour cinq ans. Et il faudra attendre quelques années pour que toute contestation des nouvelles élections connaisse un développement judiciaire.
Soit Pravind Jugnauth est tout à fait confiant de l'issue de l'affaire qui sera jugée par le Privy Council, soit il s'en moque et voudrait rester au pouvoir d'une façon certaine jusqu'en 2024 plutôt que de risquer des élections anticipées. Des élections anticipées qui seront d'autant plus dénoncées comme étant motivées par la peur du gouvernement de perdre devant le Privy Council ou celle d'affronter l'électorat urbain lors d'un scrutin municipal éventuel en 2023.
Justement, si Pravind Jugnauth promet des élections générales en 2024 et pas avant, les élections municipales seront-elles organisées en 2023? À voir les deux renvois précédents pour des raisons difficilement tenables - les élections villageoises ayant, elles, eu lieu malgré le Covid -, il est clair que le gouvernement n'en veut pas, d'élections municipales. On se plaît à penser que le gouvernement ne pourra pas les renvoyer une troisième fois. Mais c'est mal connaître Pravind Jugnauth qui peut trouver un nouveau prétexte et pourquoi pas le retour du Covid pour ne pas le faire.
Tout ce qui précède est basé bien entendu sur l'hypothèse que Pravind Jugnauth n'ait pas bluffé dimanche et que des élections anticipées ne seront pas organisées. Il est bon de rappeler comment le même Pravind Jugnauth avait déclaré qu'il ne bluffait pas en annonçant une élection partielle au numéro 7 en 2019. Et pourtant, on n'en a pas eu droit et ce sont des élections générales que nous avons eues en novembre 2019. Encore une tactique de Pravind Jugnauth pour confondre l'opposition qui s'est enfin unie ? On le saura dans quelques mois.