Ile Maurice: Le visage du recrutement en 2023

Selon les chiffres de septembre de Statistics Mauritius pour la population active, l'emploi des Mauriciens est estimé à 515 500 au deuxième trimestre 2022 comparé à 502 500 au premier trimestre 2021 et 466 600 au deuxième trimestre 2021. Le chômage est en baisse - à 8,1 % contre 8,7 % au premier trimestre 2022. Les 45 300 chômeurs sont répartis entre 22 200 hommes et 23 100 femmes.

Après un ralentissement du recrutement, quel est le bilan de l'année écoulée ? Quels secteurs recruteront en 2023 ? Quelques éléments de réponse.

"Proactive Talent Solutions se concentre sur les postes de cadres moyens à supérieurs et sur les professionnels. En 2022, nous avons constaté que la demande de talents est supérieure à l'offre dans ces segments et que les demandeurs d'emploi sont devenus plus passifs ; ils ne sont pas prêts à accepter de nouveaux emplois uniquement pour les rémunérations et les avantages", explique Jennifer Webb de Comarmond, directrice de Proactive HR Services Ltd, situé à Ébène.

Elle fait ressortir qu'aujourd'hui, les demandeurs d'emploi attendent des employeurs qu'ils proposent le travail à distance et le travail hybride, qu'ils offrent la flexibilité et qu'ils assurent l'intégration entre vie professionnelle et vie privée. "Ce désir d'avoir plus de contrôle sur la manière, le lieu et le moment où ils travaillent signifie que les employés recherchent des entreprises dont la vision correspond à la leur."

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Du côté de la plateforme www.motravay.mu, l'on fait ressortir que le marché de l'emploi a repris avec des exigences sur la qualité des profils. "Le défi de 2022 se joue entre le pouvoir d'achat réduit face à la flambée des prix, ce qui amène les employés potentiels à garder une oreille attentive sur le marché. Beaucoup choisissent des jobs à temps partiel en parallèle et se livrent à des petits commerces pour arrondir les fins de mois."

On ajoute que "lors de nos lives, Motravay interagit avec le public et nombreux sont ceux qui recherchent des postes à mi-temps. Nous constatons aussi plus d'exigences des salariés qui depuis la reprise normale des activités ont tendance à exiger leur équilibre vie pro/perso. Ils prennent du temps à réfléchir avant de considérer un changement professionnel et le salaire n'y est pas pour tout." Chez Motravay, l'on affirme que les profils à faible rémunération sont de plus en plus difficiles à fiabiliser, car ces profils restent "on the move" en fonction des opportunités du marché. La guerre des talents n'a jamais été aussi ardente. En 2023, les attentes du marché du travail seront très importantes. C'est du moins le ressenti des recruteurs. En effet, Jennifer Webb de Comarmond estime qu'avec l'augmentation du coût de la vie liée à l'inflation, nous devrions voir davantage de personnes rejoindre le marché du travail. La directrice de Proactive HR Services Ltd souligne que dans ces périodes, les gens ont tendance à s'inquiéter pour leurs finances et nous pouvons nous attendre à une augmentation de participation au marché du travail.

"Il faut savoir faire preuve d'esprit critique, résoudre des problèmes commerciaux, améliorer les processus et avoir des compétences en gestion de projet."

"Nous prévoyons une accélération de cette tendance en 2023, où de plus en plus de candidats de haut niveau et de personnes dans des métiers en pénurie aspireront à une plus grande flexibilité, notamment à quatre jours de travail par semaine." Notre interlocutrice fait ressortir que le bureau deviendra plutôt un lieu de collaboration et les employeurs devront repenser ou réaménager l'espace de travail. "Dans un environnement de travail hybride, les employeurs devront changer la façon dont les gens travaillent ou interagissent au bureau. Quel est l'intérêt de venir au bureau si c'est pour faire la même chose que ce que l'on pourrait faire de chez soi ?" Chez Motravay, l'on est d'avis que 2023 devrait être une année en renfort de l'année écoulée. L'on fait ressortir que pour pallier le manque de main-d'œuvre sur le marché, plus d'ouvertures pour des études en alternance devraient être encouragées. "Chaque cursus a une période de stage obligatoire. Cette période devrait être d'un minimum de six mois pour mieux préparer les profils au monde de l'emploi et encourager plus de stages de pré-embauche." On prévoit une hausse des recrutements dans les secteurs clés qui devrait rythmer avec une hausse d'étudiants vers ces secteurs. "Il faudrait mesurer l'employabilité des étudiants selon les cursus étudiés afin de supprimer les cursus qui ne favorisent pas l'employabilité. L'orientation carrière devrait donc se faire avec une mise à jour annuelle." Poussant la réflexion plus loin, l'on souligne que l'agriculture devrait être encouragée, de même que la production de matières premières afin de diminuer les coûts d'importation tout en favorisant l'exportation. "Ce qui encouragerait en quelque sorte l'entreprenariat dans ce sens et l'achat local."

Du coup, quels sont donc ces secteurs qui vont recruter cette année ? Pour Jennifer Webb de Comarmond, certains secteurs continueront à recruter - la fintech, les services financiers, les entreprises offshore/globales, la vente en ligne, la construction, l'hôtellerie, l'ingénierie, la santé et le développement de logiciels, entre autres. "Cependant, nous ne pouvons pas limiter notre réflexion à des industries spécifiques", prévient-elle. Car le monde du travail connaît un processus de transformation accéléré par la pandémie et les organisations se restructurent dans un souci d'efficacité. "Elles recrutent donc en fonction des aptitudes et des compétences, plutôt que du potentiel et de l'expérience. Ainsi, la demande de compétences et de talents de haut niveau restera élevée, quel que soit le secteur."

La directrice de Proactive HR Services Ltd, estime que pour être employable, on ne peut pas se contenter de compétences techniques. "Il faut savoir faire preuve d'esprit critique, résoudre des problèmes commerciaux, améliorer les processus et avoir des compétences en gestion de projet. En outre, à mesure que les plateformes numériques, la robotique et l'Internet of Things font leur entrée sur le lieu de travail, les compétences en matière d'employabilité seront de plus en plus axées sur ces technologies numériques."

Du côté de Motravay, l'on affirme que les secteurs qui recruteront sont ceux qui touchent au digital, au tourisme, à la médecine, à la restauration, aux services administratifs et financiers ainsi qu'à la construction/l'immobilier. Car ils ont repris assez rapidement en cette période de crise. Thierry Goder, Chief Executive Officer d'Alentaris, abonde dans le même sens. Selon lui, les TIC, l'hospitalité, le tourisme ainsi que la logistique et les commerces sont à la recherche de compétences.

En ce qui concerne les secteurs qui recrutent moins, Thierry Goder lâche d'emblée que c'est l'agriculture.

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