Ancien maire, vous êtes le porte-parole du MMM au niveau des administrations régionales. Quel constat faites-vous au niveau des municipalités ?
Mon constat est simple. Il y a des travaux d'asphaltage partout. Pendant plus de cinq ans, il n'y avait rien et, tout à coup, on voit que les routes sont asphaltées. C'est la dernière année de leur mandat et les conseillers essaient de prouver qu'ils font quelque chose. À part ces travaux, je ne passerai pas par quatre chemins pour vous dire qu'il y a une dégradation à tous les niveaux dans les municipalités. On ne reconnaît plus les mairies. Tout cela, parce que le gouvernement usurpe le pouvoir des municipalités, tant il veut tout contrôler, allant même jusqu'au ramassage des ordures. Pourtant, on sait que, dans le passé, il y a eu des rapports de commissions, dont les derniers sont ceux de Lesjongard et d'Aimée, qui parlent de davantage de pouvoir aux collectivités locales.
Vous voulez dire que les conseillers ne peuvent rien décider sans obtenir l'aval du ministère de tutelle ?
Absolument. Le ministère des Administrations régionales impose toute décision. Il y a l'administration au niveau municipal, mais là aussi, elle doit obtenir des directives du ministère. Cette administration ne veut pas polémiquer avec le ministère tant ce dernier est autoritaire. Peut-être que les collectivités locales doivent absolument se fier au gouvernement central pour le financement, avec la décision que toutes les taxes, comme celles provenant des institutions touristiques, la road tax sont collectées par le ministère. Et que plus de trois quarts des subventions obtenues vont aux salaires. Voyez ce qui se passe aux conseils de district. Nous sommes à l'heure des élections et voyons comment des ministres s'ingèrent pour placer leurs "poulains". Ce n'est pas sain pour la démocratie et la bonne marche des collectivités locales.
Avec l'abolition de la taxe municipale, les mairies doivent se fier davantage au ministère, n'est-ce pas ?
Tout à fait. Mais je trouve que c'est une bonne chose d'abolir la taxe municipale, encore fautil que les municipalités soient compensées adéquatement pour ce manque à gagner.
Donc, il devrait y avoir une petite révolution dans ces collectivités locales ?
Il suffit que le gouvernement central change sa manière de faire pour qu'il y ait un changement. Il faut laisser les municipalités opérer en toute indépendance. Les villes sont mortes. Il n'y a aucune activité. Le dimanche, les stades sont vides. Ne parlons pas des cours de théâtre ou des arts. La culture est morte. Un bibliobus desservait plusieurs régions d'une ville. Un bus était à la disposition des seniors pour une sortie, ou à la disposition d'une équipe de football, par exemple. Aucune activité nocturne n'est organisée.
Y aura-t-il des élections municipales au cours de la première partie de 2023 ?
Le gouvernement a trouvé comme prétexte le Covid pour renvoyer les municipales à deux reprises. Un gouvernement qui a du respect pour la démocratie aurait dû accorder ces élections car, depuis des mois, la quasi-totalité des restrictions a été enlevée. Il n'y a plus de limite aux rassemblements. Souvenez-vous que deux élections ont été organisées, celles des villages et les régionales de Rodrigues, alors qu'il y avait plusieurs restrictions sanitaires dans la République. Donc il n'y a aucune raison de repousser davantage ces élections.
Ne pensez-vous pas que ce soit une stratégie du Premier ministre de ne pas accorder d'élections municipales et d'aller directement aux générales ?
Je pense à cela. Je crois bien qu'on se dirige vers les élections générales.