Tunisie: L'entreprise autrement | La sagesse doit régner

4 Janvier 2023

Comment adopter une attitude optimiste avec le démarrage de la nouvelle année alors que tout pousse au pessimisme ? Comment raviver les motivations positives et la bonne volonté alors que rien n'encourage à le faire ou presque ? Comment éviter le pire alors que tout laisse penser que la situation générale du pays est en train de se dégrader rapidement et d'une façon inquiétante ?

Questions brûlantes, qui s'imposent à nous tous et auxquelles nous devons répondre en gardant notre sang-froid. Il ne s'agit plus d'économie à sauver ou de dettes à régler, c'est tout un pays qui est à sauver. Notre pays risque, en effet d'être frappé d'une vraie catastrophe généralisée, un séïsme social qui pourrait avoir de graves conséquences. Le risque d'une faillite politique, économique, sociale, intellectuelle et morale, que Dieu nous en préserve.

Une violence généralisée est en train hélas de s'installer. Politique, cela crève les yeux, sociale qui est en train de tout perturber, économique qui s'annonce à coups de taxes, d'augmentation de l'inflation, de dépôts de bilan, etc. Et voilà que le pouvoir de fait continue d'imputer tout cela à des forces obscures et à des comploteurs qu'il ne daigne pas démasquer.

La scène du pillage, dans la capitale, d'un camion transportant des boissons, tombé en panne, qui ont envahi les réseaux sociaux tout récemment, n'augure rien de bon et laisse supposer que ladite scène pourrait se répéter partout et à grande échelle. Surtout que la population est confrontée quotidiennement à des pénuries, parfois assez longues, de denrées de première nécessité et que le pouvoir d'achat s'est considérablement détérioré au cours de ces deux dernières années.

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Tout le monde sait que Les conflits politiques et la tension qu'ils créent n'ont jamais cessé en Tunisie depuis 1934, qu'ils ont toujours été à l'origine de l'idéologie de l'exclusion et de l'autoritarisme et qu'ils ont empêché notre pays de se développer. Ceux qui pèsent lourdement sur le destin de notre pays sont devenus notre pain quotidien et ont empêché les couches laborieuses, salariées ou non, et les jeunes, à la recherche d'un travail, de gagner dignement leur pain.

Ce sont pourtant ces deux catégories-là qui ont fait vivre le pays. La première en se sacrifiant, corps et âmes pour sa construction, malgré la très mauvaise qualité de la plupart des services sociaux fondamentaux et un faible système de motivation. La seconde en descendant à chaque fois dans la rue pour faire bouger les choses.

Ce sont ces deux catégories, bien précises, qui ont toujours subi les politiques injustes et opprimantes des différents gouvernements depuis 1956 et ont encore subi les conséquences de soulèvements sanglants tels que celui du 26 janvier 1978, celui de fin décembre et jours suivants (révolte du pain qui a atteint son paroxysme le 3 janvier 1984), celui de janvier 2008 et jours suivants, dans le bassin minier et enfin ceux du 17 décembre 2010 et jours suivants qui ont vu, à partir du 14 janvier 2011, la chute du régime qui a régné depuis 1956.

Le jeudi, 26 janvier 1978, devenu depuis le " jeudi noir ", le journal Erraï, d'une opposition qui était en train de se structurer, publiait à la Une et en manchette intégrale, un émouvant " Nidé oun ila taaqoll !" (Appel à la sagesse- littéralement, à raison garder). L'appel est, hélas, tombé dans l'oreille d'un sourd et le pays a alors connu l'une des pires journées de sa longue histoire.

Au cours de ladite journée, l'Armée nationale avait reçu l'ordre de tirer et un décret avait instauré l'état d'urgence.Un texte qui pourrait trouver une justification pour quelques jours afin que le calme revienne mais qui a été remis à l'ordre du jour, depuis 2011, et est devenu pratiquement la règle depuis fin 2005. Et voilà que le pouvoir de fait, après 10 mois d'état d'urgence, décide de jouer les prolongations pour tout le mois de janvier. Une décision chargée de sens.

Il nous faudrait, donc, multiplier les appels à la sagesse afin que la sitiation générale du pays ne dégénère pas, car tout le monde sera perdant. Nous devons tous nous mettre d'accord pour mettre fin aux énergies négatives et destructrices qui semblent hélas aujourd'hui prendre le dessus et d'arrêter définitivement le processus de décomposition de notre société, de déliquescence de l'Etat. Lequel processus pourrait nous mener à une véritable guerre civile, celle verbale est déjà là.

Devant lesproblèmes et les risques qui sont en train de s'accumuler sur tous les plans et à vue d'œil et la rupture déclarée, entre le pouvoir en place, dépourvu de têtes pensantes et de cadres et les forces politiques économiques sociales et intellectuelles, la sagesse est devenue notre unique salut. Celle-ci impose à tous de se réunir autour d'une même table. Faire cavalier seul, pour les deux camps, sera néfaste au pays.

Il faudrait calmer l'ardeur des uns et des autres et procéder à une analyse critique, sereine et bien outillée de la situation afin de concevoir les solutions adéquates et les mettre en œuvre. Pour cela et comme nous l'avons plusieurs fois répété, toutes les structures élues doivent être associées à ce débat et un congrès national devrait prendre les rênes du pays pour une transition réelle et à tous les niveaux.

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