Le président togolais, Faure Gnassingbé, s'est rendu, le 4 janvier 2023, à Bamako au Mali pour une visite d'amitié et de travail. Si au moment où nous mettions sous presse, aucune déclaration officielle n'avait été faite au sujet des termes sur lesquels Faure et son homologue malien, le colonel Assi Goïta, échangerait, l'on peut, sans risque de se tromper, dire que les sujets d'intérêt ne manquent pas.
On le sait, le Togo constitue l'une des destinations prisées par les commerçants maliens pour l'importation des marchandises de diverses natures. Outre le volet commercial, la question de l'hydre terroriste qui étend ses tentacules vers les pays du littoral dont le Togo, constitue une préoccupation majeure pour la sous-région.
Au-delà de ces thématiques somme toute importantes pour les deux pays, le Togo joue les médiateurs pour la libération rapide des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali depuis juillet 2022. C'est dire si cette question sera également sinon essentiellement au centre des échanges. Autant dire que c'est une visite de raison. On est d'autant plus enclin à le penser qu'il y a eu une évolution majeure dans cet épineux dossier qui avait jeté un froid dans les relations ivoiro-maliennes.
En effet, la Cour d'appel de Bamako a vidé le fameux dossier en condamnant les 46 soldats toujours détenus au Mali, à une peine de vingt ans de réclusion criminelle et au paiement de deux millions de FCFA. Les 3 femmes libérées en septembre dernier, pour des " raisons humanitaires ", ont, quant à elles, été jugées par contumace et condamnées à la peine capitale et au paiement de dix millions de FCFA.
L'espoir de voir les 46 soldats ivoiriens retrouver leurs familles respectives dans un bref délai, est plus que permis
Du coup, le seul espoir aujourd'hui pour ces soldats de recouvrer la liberté, c'est de se voir gracier par le président de la Transition, Assimi Goïta. Avec cette visite de Faure à Bamako, la médiation togolaise pourrait donc faire passer ce long feuilleton politico-militaire à sa phase II. Sans doute les derniers développements de ce dossier, accélèreront-ils la libération des soldats ivoiriens.
Le premier indice, c'est que la Côte d'Ivoire et le Mali sont parvenus à la signature d'un mémorandum d'accord, le 22 décembre dernier et dont le contenu n'a toujours pas été dévoilé au grand public. Le second indice est que le président ivoirien, Alassane Ouattara, dans son adresse à son peuple, la veille du nouvel an, a rassuré que les 46 soldats regagneront bientôt la terre ivoirienne. Et s'il le dit dans un message aussi solennel, c'est qu'il ne parle pas dans le vide.
En tout cas, l'espoir de voir les 46 soldats ivoiriens retrouver leurs familles respectives dans un bref délai, est plus que permis. On peut même se risquer à dire que si le Mali a mis autant de temps avant de se décider, c'est qu'il ne veut pas donner l'impression de se plier au diktat de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui avait bandé les muscles en le menaçant de sanctions s'il ne libérait pas les soldats au plus tard le 1er janvier dernier.
En tout état de cause, le feuilleton a assez duré et il serait plus sage pour les deux parties, d'enterrer définitivement ce dossier. Cela est d'autant plus nécessaire qu'il y va de la préservation des liens séculaires qui existent entre le Mali et la Côte d'Ivoire.