Madagascar: Détournement de Fonds - L'Unicef réclame le remboursement de plus de trois milliards d'ariary

Jean François Basse, actuel Représident résident de l'Unicef à Madagascar

L'information a été communiquée en conseil des ministres. L'Unicef réclame le remboursement de plus de trois milliards d'ariary qui constituent des dépenses inéligibles sur la période allant de 2014 à 2019.

Détournement de deniers publics. Voilà le qualificatif utilisé dans le communiqué du conseil des ministres, s'agissant de "dépenses inéligibles", dans le cadre de financements du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (Unicef). Dans une communication au titre du ministère de l'Économie et des finances, rapportée au tout début du communiqué y afférent, il est indiqué que l'Unicef "réclame", le remboursement d'une somme de 3 056 399 155 ariary, par l'État malgache. Comme indiqué auparavant, cette somme correspond à des dépenses inéligibles, dans l'utilisation de financements alloués par l'entité onusienne "sur la période de 2014 à 2019", selon la missive partagée par la présidence de la République, hier.

Sans ambages, l'Exécutif qualifie donc les faits qui ont amené à cette demande de remboursement de détournement de derniers publics, "sur lequel on ne peut pas fermer les yeux. Ainsi, la loi doit être appliquée". Aussi, le communiqué publié hier ajoute que "le conseil des ministres donne son accord pour l'ouverture d'une enquête concernant ces faits. Tous ceux qui y sont impliqués seront placés devant leurs responsabilités".

Préjudices?

Le premier conseil des ministres de l'année décide de frapper fort contre des suspicions de malversations financières au sein des instances publiques. Le rapport de la réunion d'hier au palais d'État d'Iavoloha ajoute que Andry Rajoelina, président de la République, a donné la consigne que les éléments de l'Inspection générale de l'État (IGE), soient déployés auprès des entités concernées par cette affaire. Le scénario retranscrit dans le communiqué d'hier rappelle une décision prise durant l'avant- dernier conseil des ministres de l'année 2022.

Durant la réunion de l'Exécutif, le 21 décembre dernier, le déclenchement d'un audit par l'IGE auprès du Conseil national de lutte contre le SIDA (CNLS). Ceci, en raison d'une demande de remboursement d'une partie du financement octroyé par le Fonds mondial de lutte contre le SIDA ou Syndrome de l'immuno-déficience acquise. Ici aussi, des dépenses inéligibles sont en cause.

S'agissant de la demande de remboursement faite par l'unicef, le conseil des ministres indique "différentes entités publiques", sont concernées par les dépenses inéligibles mises en cause. L'information rapportée par le communiqué de la réunion de l'Exécutif, hier, rappelle un épisode qui a défrayé les chroniques en 2021. Peu avant son départ, Michel Saint-Lot, ancien représentant résident de l'Unicef à Madagascar avait lâché une bombe. Il a révélé des cas de dépenses inéligibles estimées à 800 000 dollars. Une somme à rembourser par l'État.

La somme dite par l'ancien patron de l'Unicef Madagascar découle d'un audit mené en 2019. Les résultats de cet audit ont révélé des cas de dépenses inéligibles "dans une trentaine d'entités publiques, principalement des bureaux régionaux et des directions régionales", au niveau de certains ministères. Dans sa publication le 3 juillet 2021, un quotidien de la capitale a rapporté que "les ministères de l'Eau, celui de la Santé publique et celui de la Communication et de la culture", seraient les départements ministériels cités dans cet audit.

Sont qualifiées de dépenses inéligibles, des dépenses qui n'ont pas ou manquent de pièces justificatives, dont le processus de passation de marché est opaque, dont la preuve des activités mises en œuvre sont insuffisantes, des dépenses faites en dehors des périodes d'éligibilité, ou l'engagement de dépenses non budgétisées. L'ancien représentant résident de l'Unicef avait du reste soutenu que ces cas "peuvent constituer un frein que le gouvernement de Madagascar pourrait bénéficier des donateurs".

Des indiscrétions confient que depuis la réception des résultats de l'audit diligenté en 2019, l'Unicef ne lâche pas l'affaire quant à la demande d'un remboursement. Il est probable que le Fonds des Nations Unies pour l'enfance s'est fait de plus en plus insistant et que les risques de préjudices soient importants pour déclencher une communication et une décision en conseil des ministres.

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