Une exclusion de cet accord commercial avec les Etats-Unis due aux coups d'Etat et qui est un coup dur pour les artisans exportateurs déjà bien affectés par la crise sécuritaire que connaît le pays.
Depuis le 1er janvier, le Burkina Faso est exclu de l'accord commercial préférentiel avec les Etats-Unis, l'African Growth and Oppportunity Act (AGOA).
Mis en place en 2000 et dont la liste des pays bénéficiaires est révisée tous les ans, l'AGOA établit une coopération économique et commerciale préférentielle avec le continent africain. Il facilite par exemple les exportations africaines vers les Etats-Unis. Pour les artisans burkinabè, l'exclusion du pays de ce programme, est un coup dur qui leur est porté, comme l'explique Mohamed Zongo, responsable de la galerie Cissé Diaffara et frère :
"On a appris la nouvelle avec une grande tristesse qu'ils vont nous suspendre de l'AGOA. Maintenant les conséquences, déjà même que le pays est en insécurité, ça affecté notre marché. On est obligé de chercher d'autres marchés", commente Mohamed Zongo. "On a des clients aux Etats Unis qui nous font des commandes. On exporte des pagnes, des tabourets en bois et aussi des masques. Mais nous exportons surtout des pagnes et des paniers".
Une industrie artisanale qui se meurt
Sculpteur de bois Konaté Tienssi devait se rendre ce mois-ci en Arizona, aux Etats Unis, pour une foire. C'est avec tristesse qu'il a accueilli cette décision du président Américain Joe Biden.
"Je me suis très souvent rendu aux Etats-Unis, précisément dans l'Etat d'Arizona. Mon travail là-bas, c'est la restauration des sculptures de bois en mauvais état. Nous avons appris avec tristesse la décision des Etats Unis d'exclure notre pays de l'AGOA. Cela va beaucoup affecter notre travail. Je devais m'y rendre ce mois de janvier pour participer à une foire d'exposition. Maintenant, je ne sais plus à quoi m'en tenir".
Déjà éprouvée par la crise sécuritaire et sanitaire, l'industrie artisanale se meurt au Burkina Faso. Pour certains artisans, les conséquences de cette exclusion ne seront pas unilatérales. C'est ce qu'estiment Romaric Koné et Mohamed Zongo, deux artisans de Ouagadougou :
"On n'exportait pas qu'aux États-Unis seulement. On exportait dans d'autres pays. Mais avec les États-Unis, on exportait beaucoup. Ça va beaucoup nous affecter.".
"Ça va nous pénaliser mais ça va eux aussi les pénaliser parce qu'ils ont besoin de nous, de la main d'œuvre et de la marchandise aussi."
Le Mali, la Guinée et l'Ethiopie également suspendus
Au-delà des œuvres d'art, le Burkina Faso ne pourra plus bénéficier des franchises mises en place par les Etats unis pour l'exportation de certains produits : Le coton, les produits oléagineux, de l'horticulture, du textile et des vêtements.
La mesure prise par les Etats-Unis a un impact politique certain, mais négligeable sur l'économie du Burkina Faso, car les échanges sont globalement faibles entre les deux pays.
En 2016, le volume des échanges était estimé à 3,6 millions de dollars selon une note gouvernementale.
Outre le Burkina Faso, trois autres pays, à savoir le Mali, la Guinée et l'Ethiopie sont également suspendus de ce programme économique.