Gabon: Coalition opposition politique/ Osc contre Ali Bongo - Tant qu'il y aura le Haut-Ogooué

analyse

2023 est une année électorale au Gabon. En effet, le pays organisera des élections générales : présidentielle, législatives, locales et sénatoriales.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les partis de l'opposition et les organisations de la société civile prennent très au sérieux ces grands rendez-vous électoraux.

Le 3 décembre 2023, ils se sont coalisés en un vaste regroupement dénommé " Plateforme Alternance 2023 " avec pour objectif de chasser du pouvoir, Ali Bongo et son parti, le Parti démocratique gabonais (PDG) qui dirige le pays depuis 55 ans.

Mettant la manière pour montrer leur détermination, les 42 membres de la nouvelle coalition se sont succédé pour signer le pacte d'engagement et de confiance qui les lie pour non seulement arracher le pouvoir des mains de la dynastie Bongo qui entend briguer un troisième mandat, mais aussi pour gouverner ensemble en cas de victoire.

Avec Paulette Missambo, présidente de l'Union nationale comme porte-étendard, les nouveaux coalisés ont sonné la mobilisation générale pour sauver le pays, disent-ils, " d'un pouvoir dans lequel la majorité des Gabonais ne se reconnait pas ".

Le premier réflexe que devrait avoir la Plateforme Alternance 2023, est de lutter pour la transparence du processus électoral

Et pour y parvenir, les nouveaux coalisés ont fait le serment " d'agir dès maintenant en responsabilité, dans l'unité la plus sincère en vue de constituer une alternative crédible ".

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En attendant de voir quelle stratégie électorale sera mise en œuvre par cette nouvelle plateforme de l'opposition pour parvenir à ses fins, l'on peut déjà féliciter les acteurs de ce regroupement, qui ont décidé d'unir leurs forces pour tenter de mettre fin à la dynastie Bongo. " L'union, dit-on, fait la force " et cela est particulièrement vrai dans le cas présent où l'action de l'opposition vise à décramponner un pouvoir vieux de plus d'un demi-siècle.

L'initiative du regroupement est d'autant plus à féliciter qu'elle devrait assurer à l'opposition une meilleure visibilité et surtout éviter l'émiettement de ses voix aux différents scrutins. C'est dire si l'idée de ce regroupement peut faire tache d'huile dans cette jungle gabonaise voire africaine où, traditionnellement, les opposants préfèrent être tête de rat que queue de lion.

Cela dit, la question que l'on peut se poser, est la suivante : le tandem opposition-organisations de la société civile suffira-t-il à terrasser Ali Bongo ? Rien n'est moins sûr dans la mesure où au royaume des Bongo, les urnes n'élisent pas les rois.

L'on se souvient, en effet, de la dernière élection présidentielle où le candidat malheureux, Jean Ping, si l'on en croit sa version des faits, s'était fait voler la victoire. C'est pourquoi le premier réflexe que devrait avoir la Plateforme Alternance 2023, ce n'est pas d'aller à l'assaut des électeurs, mais de lutter pour la transparence du processus électoral.

L'on se souvient, en effet, que ce qui a mis le feu aux poudres entre Bongo et Ping lors de la dernière élection présidentielle, c'est la fraude électorale, notamment dans la province du Haut-Ogooué, du nom de ce fief de l'ethnie Téké des Bongo, devenue, par la même occasion, le symbole de toutes les magouilles électorales.

Il appartient à Paulette Missambo et à ses alliés de faire preuve d'ingéniosité

Le processus électoral est d'autant plus à surveiller que les institutions démocratiques, notamment la Cour constitutionnelle au Gabon, sont totalement inféodées au pouvoir et sont donc incapables de vider un contentieux en faveur de l'opposition.

Il faut donc prendre toutes les dispositions pour éviter le contentieux en se donnant les moyens de surveiller très étroitement le processus électoral pour l'expurger de tout couac et sécuriser les résultats des urnes. Et l'occasion est bonne pour l'opposition de fixer les préalables pour les conditions d'un scrutin transparent à l'occasion de la rencontre politique entre la majorité et l'opposition, annoncée par le chef de l'Etat dans son message de vœux à la Nation.

En effet, dans son adresse aux Gabonais, le président Ali Bongo a eu ces propos : " J'ai entendu l'appel de mes compatriotes, notamment des acteurs politiques de la majorité et de l'opposition, demandant l'organisation d'une rencontre pour définir ensemble les bases de la préparation des scrutins aux lendemains apaisés ". Il faut donc, pour la plateforme, saisir le ballon au bond et poser les vrais jalons sur le sentier escarpé de la course à l'élection présidentielle de 2023 dont la date reste encore à préciser.

Ceci étant, si les conditions de transparence du scrutin sont essentielles pour la victoire, le plus grand adversaire de l'opposition reste l'opposition elle-même dans un pays où la trahison, la transhumance et les calculs politiciens ont fini par discréditer toute la classe politique.

Et la menace est à prendre au sérieux face à un adversaire redoutable comme Ali Bongo qui, même diminué physiquement, dispose de toutes les cantines d'argent du Trésor public et de tout l'appareil étatique. Il manœuvrera donc très certainement pour faire voler en éclats la coalition et n'hésitera donc pas à délier les cordons de la bourse pour parvenir à ses fins. Mais comme dit un proverbe africain, " quand on connait son ennemi, l'on doit disposer de l'antidote pour contrecarrer ses plans maléfiques ". Cela dit, il appartient à Paulette Missambo et à ses alliés de faire preuve d'ingéniosité pour faire barrage à toutes les manœuvres de Bongo fils.

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