Madagascar: Période préélectorale - Propice à la création des nouveaux partis politiques

A quelques mois de la présidentielle, les écuries politiques sont déjà en pleine ébullition. Et les sans partis ne veulent pas rester à l'écart.

Le temps est compté

Le paysage politique de ce dernier mois laisse croire que la Grande ile va certainement battre son propre record. Tout s'accélère et tous ceux qui veulent avoir à nouveau où se frayer un chemin pour avoir un strapontin politique se lancent dans la création d'une nouvelle formation ou d'une nouvelle association à caractère politique. Le dernier parti qui a vu le jour est celui d'Auguste Paraina, le Tsara Tahafina, qui a été présenté ce 27 décembre à Vangaindrano. Alors que pour l'association de soutien, la dernière en date est le Vondrona Maroloko Mpanome Tanana ny Filoha (VMMTF) dirigé par Julia Mickaelle Rasolofonoroniaina, présenté à l'hôtel Colbert Antaninarenina il y a moins d'une semaine. Ce n'est que le début car d'autres partis et associations vont certainement voir le jour durant ces prochains mois. Les partis déjà existé, quant à eux, ont jusqu'à la fin du mois d'avril pour faire leur déclaration d'existence sous peine de radiation au Registre National, selon la loi n° 2011- 012 relative aux partis politiques, dans son article 23.

Groupuscules

En tout cas, le record était atteint durant la période transitoire où Madagascar a vu créer le plus des formations politiques que le pays n'a jamais connues. En effet, près de 300 partis politiques ont coexisté dans une ambiance politique marquée par le partage de sièges au nom du consensus et du Fiaraha-mitantana. Peu de temps après le retour à l'ordre constitutionnel, la conjoncture a montré que la plus part d'entre eux ne sont en vérité que des groupuscules sans base politique. Ils n'ont plus donné signe de vie et n'ont pas osé à se soumettre aux épreuves des urines. A la sortie de la présidentielle 2014, le pays ne comptait plus que quelques 200 formations politiques. Et selon les chiffres du Ministère de l'Intérieur et de la Décentralisation (MID) en mars 2019, il existait à Madagascar 195 partis politiques légalement constitués, tandis que l'année dernière, près de 200 partis ont été enregistrés dans la Registre National.

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Sans idéologies

Cette année sera, une fois de plus, le moment idéal pour ceux qui ont fait une longue traversée du désert et qui tentent de faire peau neuve de mettre sur pieds une quelconque formation pour pouvoir exister politiquement et marchander durant la campagne électorale à venir ou bien la concertation nationale qu'on clame partout. Sans idéologie, sans base et avec une assise territoriale qui ne dépasse pas le cadre d'un fokontany, ces partis n'ont été créés que pour des sièges faciles et pour des existences éphémères. Depuis le changement politique du début des années 1990, avec la chute de la Deuxième République, les partis traditionnels ont perdu de la vitesse au profit des formations qui souffrent du problème de représentation. Si la floraison des partis politiques n'est pas un signe de faiblesse pour le système politique malgache, elle pourrait être au moins considérée comme une marque de vitalité politique et de la démocratie.

Représentation

Néanmoins, malgré le nombre très élevé de partis, leur participation aux élections reste très faible. La dernière présidentielle a vu la participation de 44 partis politiques, sur les 46 candidatures. Ce qui donne un ratio assez élevé, même si ces formations ne représentent qu'environ un quart des partis légalement enregistrés. Et concernant les législatives du mai 2019, seulement 85 partis ou formations politiques étaient sur les starting-blocks sur les 195 enregistrées au MID. Pour les élections communales et municipales du 27 novembre 2019, sur les quelques 6303 candidatures validées par la Commission Electorale Nationale Indépendante, on ne compte que 61 partis ou formations politiques, soit seulement près d'un tiers des partis légalement constitués. Il faut également remarquer que la majorité de ces 61 partis politiques ne présentent de candidats qu'au niveau de quelques districts mais ne couvrent pas le territoire national.

Indépendants

Nés avec la libéralisation politique par l'ordonnance numéro 90-001 du 9 mai 1990 portant régime général des partis ou organisations politiques, les indépendants ont pu rivaliser avec les formations politiques. Un phénomène qui prend de plus en plus de place. Ainsi, en 2019 plus de 4 candidatures sur 6 au niveau des districts sont des indépendants (sans structure politique/associatif). L'intérêt des partis politiques à participer aux élections semble diminuer selon leurs " envergures ". Seuls les " grands " partis politiques dirigés par de grandes figures politiques du moment sont plus ou moins présents au niveau national. Les noms de ces leaders dépassent parfois l'envergure de ces formations et les permettent de s'imposer comme des vraies forces politiques capables de gagner des sièges dans n'importe quelle circonscription en ne laissant que des miettes aux particules politiques.

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