Le cardinal n'est pas allé par le dos de la cuillère. Lors de la journée mondiale de la paix pour l'église catholique célébrée le 1 er janvier, Jean Désiré Tsarahazana a dit tout haut ce que tout le monde susurrait.
L'augmentation du nombre d'églises et des chrétiens est directement proportionnelle à l'ampleur de la criminalité, à la fréquence des viols, à la cruauté des homicides, à la gravité des trafics illicites des ressources naturelles. Le drame dans cette situation est l'implication de certains chrétiens dans ces actes condamnables. En réalité il s'agit de faux dévots qui se servent de l'église pour commettre leurs méfaits, accaparer des biens mal acquis, abuser de la naïveté de la population pour extorquer ses biens. L'église est devenue l'entreprise en plein essor dont pérennité n'est jamais menacée. Les fidèles seront toujours là prêts à donner le dernier centime pour le patron du temple. Les pasteurs n'ont à envier aux magistrats, aux inspecteurs des impôts, aux commissaires... en termes de confort et de standing de vie.
À eux les prières semblent avoir des réponses en monnaies sonnantes et trébuchantes contrairement aux fidèles dont les conditions de vie se détériorent à force de prier à l'image de celle du pays tout entier. Des siècles de prière n'ont pas pu venir à bout de la pauvreté, mère de tous les vices qui minent la société. L'Eglise doit faire une sérieuse introspection à en juger la déclaration du cardinal qui a une connotation de mea culpa. Mais les chrétiens ne sont pas les seuls responsables de cette situation calamiteuse et plus ou moins irréversible.
Les politiciens imitent les faux chrétiens et jouent exactement leur rôle. Ils oublient la laïcité de l'État et courent toutes les cérémonies religieuses, aident les églises à l'aide du fameux 3P, récitent par cœur les versets bibliques, vont en Israël se prosterner devant le Mur de la lamentation, s'invitent au Vatican pour être bénis par le pape, préconisent l'amour du prochain, le pardon, la tolérance. Mais ils n'accordent la moindre liberté aux opposants, emprisonnent les personnages gênants... Récemment des soi-disant pasteurs ont appelé à la destruction des sites traditionnels de bénédiction par les razana, pratiques culturelles malgaches jugées incompatibles avec le christianisme. Un appel à la violence qui a choqué l'opinion. Les bornes semblent dépassées pour faire sortir le cardinal de ses gonds. La coupe est pleine. Il faut la boire jusqu'à la lie.