Il ne se passe plus une semaine au Cameroun, sans que les radios, les télés ou les réseaux sociaux claironnent pour alerter sur le sort de tel ou tel artiste à l'agonie.
On annonce sans arrêt... tel chanteur est squelettique ; qu'il est devenu si chétif et pour finir, on brandit les photos de ce dernier sur les réseaux sociaux et celui-ci sans vergogne, accepte de s'afficher, jouant eu jeu du misérable paltoquet, les yeux hagards, misérabilistes. Amaigris et tourmentés par ses lugubres souvenirs, les artistes camerounais s'affaissent lentement, ébranlés par ses propres remords. L'artiste camerounais est tué en réalité par ses propres remords d'antan.
Pour un tel article, il faut se garder de toute emphase parce que la misère humaine est partout dans le pays. La plupart des artistes camerounais descendent dans l'enfer en évoquant les derniers mots du fils l'homme cloué sur la croix, " pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. " Mais ces mots prononcés par ceux qui hier, nous ont souvent fait danser, hurler ou rire, à qui s'adressent-ils ? A l'état camerounais ? A leur propre famille musicale, à la société qui les voyait vibrer ou à lui-même ? Je ne saurai le dire avec exactitude. Toujours est-il que j'ai une réflexion tirée sur mon expérience personnelle.
Ce qui a été n'est plus.
Une fois la carrière terminée, les artistes camerounais deviennent comme des niches de sainteté. Comme si à leur époque, ils étaient au service de tous, pourtant ils assument les conséquences de la mauvaise gestion de leur carrière.
Revoyez ces hommes, à l'époque. Souvenez-vous de ses grandes soirées d'apparat, des concerts au Zénith ou au capitole. Mais il n'y avait pas un siècle de cela, ça ne fait que quelques années. Ces foules immenses qui voulaient les toucher, ce lot de billets de banque qu'on déversait sur eux pendant les soirées festives ou mondaines. Les premières loges dans lesquelles ils étaient protégés. Les costumes derniers cris, les voitures de luxe dans lesquelles ils roulaient, le dédain pour les bas-fonds des quartiers qu'ils évitaient.
Leur foi en l'avenir qu'ils se juraient. Les mépris et les injures sur l'entourage. Leurs habillements les plus extravagants qui oscillaient entre 3000 et 5 000 euros. Les fêtes mémorables qu'ils avaient organisées. Les anniversaires en millier d'euros qu'ils montraient. Les privilèges qu'ils avaient en toute circonstance, les entrées qu'ils s'offraient. Les largesses qu'ils avaient auprès des présidents, des ministres ou des grands directeurs. Les femmes qui s'alignaient devant leur porte et l'amour qu'il faisait toute la nuit en chantant jusqu'au matin.
Et quand on les voyait maintenant quelques années après seulement, dans les dispensaires des quartiers pauvres, traînant leur grand corps malade qu'ils étaient devenus, avec des grandes voix de gémissements, croupissant comme Pangloss dans son château de Westphalie. Cette grande gueule dont ils étaient maîtres. Ces images squelettiques qui leur servent d'appât pour demander l'aumône à ceux à qui ils n'avaient rien donner. Les banderoles de leur concert qu'on affichait dans toutes les villes.
Ces artistes qui étaient auréolés de succès qui les rendaient présomptueux. Sapés dans des chemises aux boutons d'or ; sans oublier cette gent féminine qui s'habillait avec des robes de luxe, accompagnée par un protocole exquis et des agents de sécurité qui les entouraient de glaive, en escortant dans une sorte de couronnement sous les tropiques. On aurait cru que tout ça sera perpétuel. Avaient-ils imaginé les revers ?
Être artiste aujourd'hui
Être artiste musicien ou comédien, c'est faire carrière dans un métier. C'est la même chose qu'être enseignant, commerçant, footballeur, Benskineur, transporteur, employeur de bureau etc. Chacun rend service à la collectivité. Le taximan rend service à la société, quand il est dans la peine, il vit seul ses peines. Quand un chanteur est dans la disette, ça ne lui donne pas le droit tous azimuts de venir s'afficher sur la place publique pour crier ses misères. Quand ils étaient star, ils ont bénéficié de toutes les faveurs, ils ne partageaient pas ses gains avec le reste du monde.
Ils ne donnaient pas accès aux gens. C'est vrai, ils nous ont fait valser, danser, hurler, piaffer, pleurer de joie dans les boîtes de nuit, les salles de théâtre. Mais on payait les billets pour voir le spectacle. Les artistes sont les plus ingrats dans la société. Ils n'offraient à personne assistance, solidarité quand ils avaient, ils étaient vantards, indifférents, méprisants, imbus d'eux-mêmes.
Il faudra apprendre à se regarder dans les yeux, parce qu'ils doivent redessiner leur avenir au-delà de leurs yeux aigres. Revenir sur terre après avoir eu les ailes de géants qui les empêchaient de voler. D'ouvrir les yeux et ne plus les crever dans les tavernes noires. L'art, c'est le travail, ce n'est pas la magie noire. Ainsi, ils ne finiront pas comme ils finissent aujourd'hui. Il faut penser à sortir de l'urgence. Corriger notre propre instinct. Se tenir dans la vie dignement. Il faut pouvoir attiser le feu dans notre conscience afin qu'on soit éclairé toute la vie.
La main de l'artiste lui appartient, il suffit de se relever de là où il se trouve pour voir son vrai visage. Même si je suis d'accord que l'état construise un édifice pour éviter cette gangrène de misère qui accable les artistes musiciens et comédiens. Il faut qu'ils prennent d'abord leur destin en main. En l'absence de modèle chez nous j'admire cet artiste antillais qui est resté lucide comme sa musiquehttps://o-trim.co/MDV
La différence entre artistes côtiers, du centre, du sud, et artiste de l'ouest.
Au Cameroun, les artistes de la région de l'ouest ne se plaignent jamais, parce qu'ils ont un mode de vie intégrale qui leur permet de s'investir ailleurs lorsqu'ils savent que la musique ne leur donnera pas tout. Les artistes Côtiers, Betis et ceux de l'ouest ont fait les mêmes carrières, mais c'est toujours les artistes côtiers et béti qui sont dans la détresse. Ce sont toujours les artistes d'une même région qui crient. Ceux du littoral, du centre et sud Cameroun.
Ce que les artistes doivent savoir
Les Camerounais qui s'engagent dans la musique aujourd'hui, doivent savoir qu'ils sont à une époque moderne, et que la musique est un métier. Comme tout métier, ceux qui la pratiquent doivent aimer le travail ; ils doivent penser à leur avenir ; ils doivent avoir de la rigueur dans ce qu'ils font et avoir une discipline de vie. La musique, aujourd'hui, a une finalité qui est le rendement ; la société attend de tout artiste qu'il s'organise comme un chef de famille.
C'est un processus normal de notre culture. C'est la force de l'action humaine, on attend qu'il fasse des spectacles dignes et qu'on soit attiré par son spectacle. Qu'il travaille pour être le meilleur et gagner comme il peut. Chaque personne qui vient le voir paie son spectacle. Que cette personne bosse dur quelque part aussi. Une fois ce spectacle terminé, la personne ne doit plus rien à l'artiste. Le spectateur ne peut pas être interpellé pour s'occuper de l'artiste. Puisque ce dernier a tout gagné à ses heures de rayonnement.
Les artistes camerounais sont jaloux comme des femmes, ils sont incapables de s'organiser et bien manager pour réussir les sociétés de droit d'auteur. Tout ce qu'ils savent, c'est crier. Nous n'ignorons pas qu'il y a une exploitation à outrance de leurs œuvres, mais quand les dividendes de leurs multiples concerts tombent, ils peuvent se construire une vie décente en attendant.
Mais interpellons tout de même l'état : quel est le rôle de l'État ? Du ministère de la Culture dans la protection des œuvres artistiques et culturelles, dans la préservation du patrimoine culturel ? La société des droits d'auteur, est-elle pragmatique ? Connaissent-ils leurs droits et devoirs ? Y a-t-il un syndicat pour défendre ces droits ? À dire vrai, le public est fatigué de cette impasse dont ces artistes aussi sont victimes après tant de services rendus au pays et à la communauté. Il est temps que les choses changent, et cela doit interpeller la conscience de toutes les instances, en particulier les grands artistes, mais surtout de l'artiste lui-même.
Nous sommes d'accord pour l'intervention de l'état, il est des choses qui ne dépendent pas des artistes aussi. Mais dans la plupart des cas, ils demeurent les principales causes de leurs malheurs parce que chacun programme son sort lentement avec son intelligence au cours de sa carrière. Aucun Camerounais ne doit se plaindre plus que d'autres, nous sommes tous pareils. L'artiste vit ses remords sous forme de maladie, il n'est pas malade, il n'a que des remords, ici il n'y a que des irresponsabilités, dues à ses petites et ses grandes faiblesses.
Les moqueries des médias et des leaders d'opinion après la disparition d'un artiste.
A l'annonce de la disparition d'un de leur, les stations de radio et les réseaux prennent le relais dans des rhétoriques que je qualifierai d'abjecte ; chacun se lance pour briller à son tour dans la tristesse de l'autre. On entendra les termes suivants : " la radio et la télévision ont commencé à faire tourner en boucle les chansons de l'artiste, diffusant des émissions spéciales pour lui rendre hommage. " Les mots du genre : " c'est une grande référence de la musique camerounaise qui vient de s'éteindre. Le pays et la jeunesse camerounaise ont perdu une belle âme " ou encore.
" Après l'annonce de sa mort, les réactions ont aussi enflammé les réseaux sociaux. " La star telle... a rendu hommage au chanteur et regretté qu'il soit " parti trop tôt " dans un message publié sur sa page Facebook.
L'ancien Premier ministre a salué " l'un des plus grands espoirs et fleuron de notre génération ". " C'était un artiste fascinant sur scène ". " Il est mort à la fleur de l'âge sans faire grand bruit ". Ce chanteur était ponctuel du premier jusqu'au dernier jour.
À Yaoundé, la chanteuse du Makossa ou du Bitkusi a estimé que ce décès était " un coup insupportable pour le pays ", cet artiste faisait partie du " patrimoine " du continent africain.
" Il affectionnait les rencontres amicales, et aimait les retrouvailles se présentant comme le grand monument moderne de l'histoire de la musique camerounaise ", a souligné le rédacteur en chef du quotidien et directeur de publication du... . En mourant ainsi aujourd'hui notre grand artiste " rentre dans l'Histoire. Il a tout donné à la musique ", " nous ne l'oublierons jamais " voilà les différents thèmes venus de ses confrères qu'on trouve après les décès. Tout cela n'est que désolation et pure ironie mal séant ou une moquerie de plus ... puisque tous savaient l'état dans lequel se trouvait leur collègue. aussi, Je vous invite à regarder ce bel hommage rendu à une grande artiste camerounaise et à y réfléchir. https://o-trim.co/MGU