Congo-Brazzaville: Les souvenirs de la musique congolaise - De l'orchestre Negro Band à Negro Band à tout casser (2)

Suite aux événements des 13, 14 et 15 août 1963 qui marquent la fin du régime de l'Abbé Fulbert Youlou et l'avènement de la Révolution au Congo, l'orchestre Negro Band lance sur l'échiquier musical congolais un titre, "Journal dipanda", œuvre dans laquelle il salue l'avènement de la révolution et loue l'initiative et les mérites de certains ténors du Mouvement national de la révolution (MNR), éminents rédacteurs et producteurs du journal "Dipanda" (Journal d'informations du parti MNR).

En mai 1963, Michel Boyibanda, talentueux chanteur, quitta l'orchestre Negro Band et intégra les Bantous de la capitale où il séjourna pendant quelques mois, puis traversa le Pool Malebo et fut son entrée dans l'Ok Jazz, à Léopoldville.

De même, Franklin Boukaka, autre co-fondateur du Negro Band, fit défection et jeta son dévolu sur l'orchestre Cercul jazz (Cercle culturel de jazz ) qui fut créé en 1956 par les transfuges du Cercle culturel de Bacongo, orchestre dont Macedo, propriétaire du Bar dancing Lumi-Congo, fut le mecène.

Les événements des 13, 14 et 15 août 1963, marquent la fin du régime de l'abbé Fulbert Youlou et l'avènement de la révolution au Congo Brazzaville. Un nouveau régime qui prône le socialisme scientifique s'installe au pays. Brazzaville est en effervescence, la jeunesse montante, les artistes musiciens, ballets et groupes vocaux, sous l'effet d'une prise de conscience collective, se mobilisent et apportent leur soutien au nouveau régime et dirigeants à travers des chansons engagées dites révolutionnaires.

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Dans cette optique, et pour matérialiser son soutien à la révolution, l'orchestre Negro Band lance sur le marché la chanson intitulée "Journal dipanda", œuvre de Démon Kasanaud (chanteur ). "Dipanda", qui signifie indépendance, fut le nom d'un journal d'informations de tendance marxiste avant gardiste édité et publié par certains ténores du MNR et dont la quintessence faisait état des bienfaits de la révolution, sans oublier les informations émanant de certains mouvements de libération d'autres pays tels que le MPLA en Angola, le Frelimo au Mozambique et autres.

A noter que Claude Ernest Ndalla dit Graille, Jean Baptiste Lounda et Kamanke, mis en exergue dans la chanson "Journal dipanda", furent les éminents rédacteurs dudit journal.

A titre de rappel, le siège du journal "Dipanda" se situait dans la rue Banza, croisement avenue de la paix dénommé Foyer social à l'époque, actuel centre de santé 334 de Poto-Poto.

Au plan artistique, l'orchestre Negro Band excellait dans le rythme "Obemba" ou la rumba lourde (style Ok Jazz), une de ses spécificités qui rivalisait avec le style de l'orchestre Bantous de la capitale surnommé par les mélomanes du Negro Band et de l'Ok jazz "Bantous orchestre manzanza" (tôles, style dont les pulsations rythmiques produisaient un bruit de ferrailles) en guise de moquerie.

Des ambianceurs et "mozikis" (Association féminine) en provenance de la République démocratique du Congo traversaient parfois le Pool Malebo pour venir danser et savourer la belle rumba produite par Negro Band au Bar dancing "Congo bar" qui fut le local de l'orchestre, sur l'avenue de Paix où est érigé l'actuelle BCI, en face du marché de Moungali. ( A suivre)

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