La CENI est en train de finaliser l'évaluation des besoins inhérents "aux échéances électorales de cette année". Sauf changement, elle pourrait tabler sur un budget de 140 milliards d'ariary, soit le triple de ce qui serait prévu dans la loi de finances.
Verdict la semaine prochaine. La Commission électorale nationale indépendante (CENI), est en train de finaliser la budgétisation des dépenses et des besoins nécessaires à l'organisation "des échéances électorales", qui devront se tenir cette année, selon les dispositions légales. Sauf changement, cette budgétisation électorale sera présentée, pour validation, à l'assemblée générale de la CENI, mardi prochain. Sauf changement toujours, les travaux en cours actuellement tablent sur un budget total de 140 milliards d'ariary pour mener à bien les opérations électorales. Il s'agit pratiquement du triple des 45 milliards d'ariary qui seraient prévus dans la loi de finances.
Cette enveloppe de 45 milliards d'ariary destinée aux élections a été dite par Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, ministre de l'Économie et des finances. Une précision qu'elle a donnée à la presse à l'issue de la présentation générale du texte budgétaire devant l'Assemblée nationale, en novembre. Seulement, Soava Andriamarotafika, rapporteur général de la CENI indique que cette somme n'égale même pas ce qui a été nécessaire pour l'organisation du 1er tour de la présidentielle, en 2018.
"La CENI pourra l'utiliser pour tout type d'élection", avait souligné le grand argentier de l'État. Le commissaire électoral ajoute qu'il est relativement difficile de déterminer où dans la loi finances est inscrit ces 45 milliards d'ariary. À la lecture du volumineux texte budgétaire, le plus lisible est la ligne budgétaire de près de 69 milliards d'ariary destinée à la CENI. Il s'agit du budget de fonctionnement de la Commission électorale, précise toutefois Soava Andriamarotafika, et non pas d'une somme destinée à l'organisation des votes.
Présidentielles et communales
Les 45 milliards d'ariary indiqués par la ministre de l'Économie et des finances sont sensiblement en dessous de l'apport de l'État à l'organisation des élections de 2018 également. À l'époque la part étatique était de 57 milliards d'ariary, quand le budget total avait été estimé à 25 millions de dollars. La communauté internationale avait comblé le gap en allouant 12 millions de dollars.
En 2018, il y avait les deux tours de la présidentielle à organiser, mais également les législatives qui ont été jumelés au second tour de la course à la magistrature suprême. Cette année, également, la CENI, dans sa budgétisation, prévoit deux processus électoraux. Outre la présidentielle, la Commission compte prévoir dans le budget à valider la semaine prochaine, les municipales et les communales.
Comme l'indique Soava Andriamarotafika, au final, la décision appartient à l'Exécutif sur le calendrier électoral, ou encore, les élections qui se tiendront cette année. La seule certitude pour l'heure est qu'il y aura bel et bien une élection présidentielle. Il n'en est pas autant des élections communales et municipales. Le mandat des maires ainsi que ceux des conseillers municipaux et communaux arrivent pourtant à échéance en novembre. Jusqu'ici, cependant, le sujet ne fait pas partie des débats électoraux.
"Nous voulons néanmoins être parés à toutes les éventualités et ne pas être pris de court le moment venu", explique Soava Andriamarotafika. Aussi, les 140 milliards d'ariary qui seront soumis à la validation de l'assemblée générale de la CENI, la semaine prochaine, prendront en compte les dépenses nécessaires pour l'organisation des communales et des municipales. Une fois la budgétisation de l'organisation des scrutins, la Commission électorale soumettra le document au gouvernement, mais aussi aux Partenaires techniques et financiers (PTF).
Du côté de l'État, si la CENI parvient à le convaincre, le budget électoral initial pourra toujours être revu à la hausse par le biais d'une loi de finances rectificative. Le gouvernement pourrait, par la même occasion, trancher si, outre la présidentielle, les élections communales et municipales se tiendront aussi cette année. La coïncidence entre une élection présidentielle et la fin des mandats des élus communaux et municipaux est un fait inédit, en effet.
Les textes sont muets sur la possibilité d'avancer les scrutins, ce qui impliquerait d'écourter les mandats de ces élus locaux, ou bien de reporter ultérieurement les communales et municipales. Ce qui signifierait aller au-delà de la durée légale du mandat des maires et conseillers. Pour en revenir au budget électoral, les PTF réfléchiraient déjà aux possibilités pour soutenir l'organisation des scrutins. Ils n'attendaient que la finalisation du document budgétaire par la CENI. Jusqu'ici, cependant, seuls les États-Unis ont parlé de chiffre.
En décembre, une table ronde entre Joe Biden, président américain, et les Présidents des cinq États africains qui auront des élections nationales cette année, dont Madagascar, s'est tenue à Washing- ton. Il en a découlé que les États-Unis comptent soutenir les organisations de ces votes à hauteur de 165 millions de dollars. La somme destinée à chaque pays n'a cependant pas été indiquée. Outre une budgétisation précise, cet appui financier est tributaire des gages démocratiques et de transparence des votes, à s'en tenir au communiqué de la Maison Blanche.