Madagascar: Le rêve de Lebel de coloniser pacifiquement Madagascar

Arrivé sur les plateaux de l'Imerina dans les premiers jours du XIXe siècle, le négociant-voyageur Lebel affirme, dans une lettre qu'il écrit le 20 mai 1802, à François-Louis Magallon, ministre français de la Marine, qu'il aurait contracté des " liaisons étroites " avec " Dianampoina (Andrianampoinimerina) souverain du pays d'Ancove et d'Emyrne ". Mais J.C. Hébert en doute, en soulignant que ce n'est peut-être qu'un euphémisme pour dire qu'il ne le rencontre point, la " liaison " se faisant par personne interposée (Les tribulations de Lebel, négociant-voyageur sur les Hauts-Plateaux malgaches 1800-1803, lire précédente note).

Dans tous les cas, poursuit cet auteur, Lebel franchit la chaine de montagnes " extrêmement hautes du Tanaboul (Antanambolo, Angavo) et paraissant être les plus élevées de l'ile ". Il les décrit comme une frontière du nord de l'Imerina occupé par les Hova. Puis il indique : " Je les ai dépassées en prairial an IX ", mais il ne précise pas s'il atteint Antananarivo.

Pourtant, toujours selon J.C. Hébert, il ne décrit pas la capitale royale, pas plus qu'il ne dépeint le grand roi Andrianampoinimerina qui y est installé depuis quelques années. En fait, il ne parle que de la périodicité des marchés qui se tiennent tous les mercredis. C'est dire, remarque J.C. Hébert, qu'il n'aurait atteint qu'Ambohiboromanga, village situé entre l'Imerina et la lisière de la forêt de l'Est où a lieu le marché du mercredi.

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Ses opérations terminées- en juin 1801-, le retour est assez précipité. Lebel se méfie des brigands qui hantent les défilés, mais " il les déçoit par une marche célère ". Il rentre en Ile-de-France (ile Maurice). Il relate son voyage à son ami Céré, botaniste du Jardin des Plantes mauricien au moyen de plusieurs lettres. Hébert indique qu'il ne possède que deux lettres de cette époque.

Dans celle du 20 mai 1802- une copie de celle qu'il adresse au ministre Magallon-, le négociant-voyageur informe ce dernier d'un nouveau voyage qu'il projette d'entreprendre dans l'intérieur de Madagascar et " à ses propres frais ". Toutefois, dans celle du 10 juin de la même année, datée du " Port nord-ouest de l'Ile de-France, il sollicite une audience auprès du général Magellan pour obtenir son aide et, principalement, des facilités d'acquisition de poudre. Dans cette dernière lettre, il regrette aussi " l'absence du citoyen Dumaine ". Ce dernier qui est le chef des traites à Madagascar, a résidé à Foulpointe qu'il quitte lorsque les Anglais ont ravagé la " palissade ", en novembre 1796 ou début 1797.

Dès qu'il est parti, les Betsimisaraka deviennent, selon le négociant-voyageur, " irraisonnables et semblables à des enfants indociles " car, dit-il, ils s'imaginent que les Français ont peur d'eux. Depuis la prise de Foulpointe (et la " conduite irréfléchie des Français " condamne J.C. Hébert), " leurs actions ont toujours été d'accord avec leur opinion ", précise Lebel. J.C. Hébert s'explique. En 1801, Magallon ordonne d'arrêter le chef de Toamasina, Zakavola, pour l'emmener en Ile-de-France. Les Français n'y réussissent pas. La même année, Zakavola est sagayé par ses sujets qui croient qu'ils l'ont trahi. Malgré cet incident, Lebel persiste à revenir à Madagascar sitôt qu'il obtiendra de la poudre.

" Mais comme il en manque dans le commerce, je crains bien que, si je ne suis pas aidé de la protection du gouvernement, les moyens, les dispositions et les grandes dépenses que j'ai faites dans le dessein d'ajouter (sans guerre) à mon pays, d'acquérir par mes travaux un immense pays encore inconnu ou une importante colonie, mes dépenses, dis-je, devenant nulles, m'amènent à ma ruine ".

Lebel annonce alors son projet de ramener de Madagascar en Ile-de-France, en septembre 1802, dix mille bœufs d'une qualité inconnue, mais qui sont " d'aussi bonne qualité que ceux qu'on mange à Paris. À ces animaux, il compte joindre environ " un million de riz blanc ". Puis il conclut : " Je dirai encore que j'ai assez de connaissances locales et du commerce pour ne pas trop m'avancer et m'exposer en vain. " En recevant cette lettre, Céré recommande chaudement son ancien commis au ministre de la Marine à Paris.

Mais selon J.C. Hébert, si venant d'une sommité telle que Céré la recommandation est de poids, il est douteux que Lebel reçoive une aide matérielle. Il semble même qu'il n'ait accompli sa seconde expédition à l'intérieur de Madagascar, que quelques mois plus tard, du 23 décembre 1802 au 20 janvier 1803.

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