La conquête d'un premier trophée continental aura suffi pour illuminer le sport sénégalais durant l'année 2022. Une année qui a été particulièrement riche en records pour le football sénégalais. En passant en revue l'année sportive, l'ancien directeur de la haute compétition et consultant, Souleymane Boun Daouda Diop est d'avis que le sacre des Lions à la CAN 2022, le 6 février à Yaoundé, est venu non seulement combler un vide mais il a éclairé aussi le sport en donnant plus de crédibilité au football sénégalais, en apaisant le climat social ou encore, en contribuant à l'affirmation de notre identité nationale. Dans cette lecture des faits saillants, le consultant Jeunesse, sport et loisir jette un regard critique et relève les nombreuses urgences auxquelles le sport sénégalais tarde encore à régler aussi bien au niveau des infrastructures et sur les textes qui le régissent.
Sans conteste, l'année 2022 aura été celle de toutes les performances et de tous les records. Le football a brillé avec la première étoile africaine décrochée haut la main à la Coupe d'Afrique au Cameroun.
Le 6 février au stade Olembe de Yaoundé, Sadio Mané hisse le pays de la Téranga sur le toit de l'Afrique en soulevant le trophée continental aux dépens de l'Egypte.
Ce sacre suffira pour installer une dynamique positive. Pour l'ancien directeur de la haute compétition, Souleymane Boun Daouda, ce sacre a permis d'éclairer le sport durant toute l'année 2022.
"Effectivement, l'année 2022, a été une année exceptionnelle pour le sport sénégalais. En ce sens qu'elle a comblé un vide de plus de 60 ans. En effet, la conquête de la coupe d'Afrique des nations de football constitue à elle seule un trophée majeur qui a éclairé toute l'année sportive. La conquête du titre en terme de visibilité et de notoriété est certaine. Cependant, le sport sénégalais depuis 2002 avait déjà sa notoriété et sa visibilité. Par contre, cette conquête a donné plus de crédibilité au football sénégalais et a contribué de manière significative à l'apaisement du climat social, à la consolidation de la cohésion sociale et l'affirmation de notre identité nationale. Les résultats du football doivent aussi servir de locomotive aux autres disciplines", a-t-il confié.
Passée l'effervescence du premier sacre, les champions d'Afrique sénégalais étaient en effet restés sur une bonne lancée en remportant la double confrontation au Caire et au stade Abdoulaye Wade de Diamniadio et arracher du coup le ticket pour une troisième qualification au Mondial du Qatar.
Les Lions locaux retrouvent l'Afrique
L'année 2022 a aussi été très fructueuse pour les catégories de jeunes de la sélection sénégalaise. À l'image de la sélection A, les Lionceaux ont joué les premiers rôles avec ses U20 et U23 en se qualifiant aux prochaines CAN de 2023.
Après trois éliminations consécutives face à la Guinée, la sélection locale du Sénégal conduite par Pape Thiaw, retrouvera en cette année le championnat d'Afrique des nations (CHAN) de 2023 après une absence de 11 ans.
Les performances sportives trouvent leur confirmation dans le deuxième sacre de Sadio Mané au Ballon d'or africain et sa deuxième place historique au Ballon d'Or européen derrière Benzema.
Comme pour couronner cette année riche en succès et en trophées, les Lions ont réussi à atteindre les huitièmes de finale de la coupe du monde 2022. Sans l'attaquant vedette Sadio Mané, blessé, le Sénégal tombait face à l'Angleterre. Ce parcours coûtait au Sénégal la première place du classement, zone FIFA Afrique. Ce, après un record absolu de 49 mois, plus de quatre ans sur le toit de l'Afrique. Ce, au profit du Maroc qui a pris les commandes après son parcours historique au Mondial qatari.
Au-delà des rectangles verts, le Sénégal s'est aussi illustré avec brio sur le sable. En Beach Soccer, les Lions ont ajouté une 7ème étoile à leur maillot en finale de la Coupe d'Afrique 2022 disputée au Mozambique. La bande à Alseiny Ndiaye s'est encore imposée aux penalties face à l'Égypte (2-2 tab 6-5.). Le Sénégal remportait un quatrième succès consécutif. Un record.
Malgré cette bonne trajectoire, le football sénégalais n'est que l'arbre qui cache la forêt de contre-performance. Selon Souleymane Boun Daouda Diop, le sport sénégalais a aujourd'hui besoin d'explorer d'autres pistes.
"À dire vrai, le football en 2022, constitue l'arbre qui cache la forêt de contre-performance. C'est pourquoi, il est nécessaire de rétablir le conseil national du sport afin de faire l'état des lieux du sport sénégalais et de dégager de nouvelles pistes pour sa relance", souligne-t-il.
Poursuivant son analyse, il pense que si l'érection de cette infrastructure majeure qu'est le stade du Président Abdoulaye Wade, a réussi à donner une image positive du pays, son opportunité n'est pas avérée.
"À dire vrai, le stade Abdoulaye Wade est effectivement une infrastructure d'envergure qui a donné une image positive du Sénégal dans le monde sportif. Cependant, ma position reste inchangée, c'est une infrastructure de prestige dont l'opportunité n'est pas avérée et l'efficience n'est pas vérifiée. Au-delà du coût que je juge excessif, rien ne justifie un stade de cette dimension à 20 kilomètres du stade Léopold Sédar Senghor. Deux stades d'envergures stades qui ne vont servir qu'une fois tous les 3 mois. À la place, il le semblait plus opportun de construire 4 stades de moindre dimension pour anticiper sur l'organisation d'une coupe d'Afrique des nations et aussi au nom de l'équité territoriale. Maintenant que le vin est tiré, il faudra faire du stade Abdoulaye Wade, un stade multifonctionnel pour amoindrir les coûts d'entretien et de maintenance", soutient-il.
"L'urgence de réactualiser les textes du sports"
Dans son analyse, l'ancien directeur de la haute compétition estime que le sport sénégalais doit encore se réajuster au niveau des textes obsolètes qui continuent de le régisse. Leur réactualisation, reste pour lui, une urgence à l'heure actuelle.
"Il est clair que depuis 20 ans, le monde sportif sénégalais a jugé à juste raison, obsolètes les textes qui régissent leur secteur. En effet, avec le dynamisme du sport et son évolution exponentielle, une loi qui date de 1984, est disqualifiée pour réglementer le sport sénégalais à l'heure actuelle. Donc, il faut nécessairement adopter de nouveaux textes. Un travail a été fait en 2013, mais il faut se rendre compte que ces textes avant même d'être adoptés sont eux aussi dépassés. Par conséquent, il faut nécessairement les réactualiser.
À mon avis, au-delà de la réactualisation des textes, les axes prioritaires du sport sénégalais sont à chercher au niveau du sport de haut niveau : le statut du sportif de haut niveau, les disciplines classées de haut niveau de même que les compétitions de haut niveau, l'entretien, la maintenance des infrastructures, la réforme du mouvement Navetane et la formation des cadres", a-t-il suggéré.