Maroc: Automobile - 2022, une année tourmentée !

Casablanca — Le secteur des ventes de véhicules neufs au Maroc a vécu une année 2022 sous pression, happé par les déséquilibres géo-économiques mondiaux, poussant les constructeurs à la réorganisation de l'industrie automobile et à la redistribution des cartes sur les marchés internationaux.

Alors que l'année 2022 s'annonçait comme celle de la reprise, après la performance exceptionnelle du secteur en 2021 avec 175.360 véhicules écoulés, le marché de l'automobile neuve s'est contracté ces 12 derniers mois de 8% pour s'établir 161.410 unités vendues sur le territoire national.

Ce recul, qui ne varie que de -2,7% par rapport à 2019, témoigne néanmoins d'une résilience certaine du secteur, au regard de la complexité du contexte international marqué par la perturbation des chaînes d'approvisionnement, la pénurie des semi-conducteurs et surtout de l'inflation mondiale qui ronge le pouvoir d'achat des citoyens.

C'est ce qu'explique Adil Bennani, l'Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM), dans une conférence de presse consacrée à la présentation du bilan annuel de la vente de véhicules neufs au Maroc, qui relève plusieurs événements ayant impacté négativement le marché en 2022.

Le dérèglement de la logistique mondiale, les conséquences du conflit russo-ukrainien, l'inflation, le renchérissement du prix des hydrocarbures et la résurgence de la crise sanitaire en Chine sont autant de facteurs exogènes ayant concouru au recul des ventes auxquels s'ajoute un refroidissement de la demande interne sur le deuxième semestre de l'année.

Tout compte fait, les véhicules deviennent plus chers, dans un contexte de crise économique à l'origine de l'érosion de la demande. Pour illustrer la situation, M. Bennani donne l'exemple du prix moyen du véhicule au Maroc qui passe de 235.000 dirhams (DH) en 2019 à 295.000 DH en 2022.

Contrairement au premier semestre de 2022 où c'est l'offre qui n'était pas au rendez-vous, certains constructeurs devront procéder dès 2023 à la baisse de leurs marges pour stimuler la demande mais aussi de leurs coûts à travers l'adoption du modèle de vente directe à travers la transformation et la digitalisation de leurs processus de distribution.

Pour ce qui est des véhicules électriques, M. Bennani a fait observer la confirmation de la bonne dynamique des ventes sur ce segment qui connaît une progression de 17% mais dont la part de marché reste tout de même timide à 3,5% contre 45% en Europe et au-delà de 50% dans certains pays développés.

Toutefois, la hausse du nombre d'opérateurs dans ce segment conforte l'évolution positive du marché des véhicules propres, sous l'effet d'une offre de plus en plus étoffée et compétitive, qui compte aujourd'hui 18 marques pour 71 modèles contre 16 marques et 57 modèles en 2021.

Par ailleurs, M. Bennani a rassuré quant aux perspectives de l'année 2023 qui devraient être relativement stables à travers les efforts de dynamisation du secteur qui sera marqué par un effet de rattrapage des véhicules utilitaires en cas d'embellie du contexte macroéconomique, notant que le dessein de l'électrification dépendra des mesures politiques destinées à stimuler la demande pour ce type de véhicules et du développement du réseau de bornes publiques.

A la question de savoir si le Salon Auto Expo sera organisé cette année, M. Bennani répond par la négative, expliquant que le marché étant toujours perturbé, l'événement n'aura pas lieu en 2023 mais certainement l'année suivante sous une autre forme, plus adéquate par rapport aux mutations qu'on observe dans le monde aujourd'hui.

Sur le total des 161.410 unités vendues en 2022, la part des véhicules particuliers (VP) s'élève à 143.186 unités, contre 154.123 en 2021, pour une part de véhicules utilitaires légers (VUL) équivalente à 18.224 contre 21.237 une année auparavant.

Le segment des VP a fléchi de 7% comparativement à 2021, dominé par la marque Dacia (27,2% du marché), Renault (15%) et Hyundai (9,2%). Les asiatiques Hyundai (3ème position), Toyota (7ème) et KIA (9ème), ont gagné une place chacune dans le Top 10 de la catégorie VP des marques les plus vendues.

Le segment des VUL connaît une baisse générale plus prononcée de 14% par rapport à 2021. Renault reprend la première marche du podium avec 26,6% des parts de marché, suivie de DFSK (15%) et de Ford (10%).

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