Tunisie: Ennahdha en proie à toutes les dérives

8 Janvier 2023

Quand on est défaillant, on réfléchit et on agit à contresens. On multiplie les mauvais choix et les contreperformances, notamment par rapport à ce qui est attendu, espéré, voire rêvé. Au lendemain de la révolution de 2011 et tout le long de plus d'une décennie, les véritables besoins et impératifs de la Tunisie n'ont jamais été placés à leur juste valeur. Jamais, ou presque, des débats d'idées, des questions de fond, des programmes et des stratégies, que ce soit à court ou à long terme. Reconvertis en gouvernants, décideurs, fonctionnaires, exécuteurs... sans avoir ni le profil, ni la vocation, les hommes d'Ennahdha avaient envahi non seulement les postes et les fonctions de responsabilité, mais également tous les rouages de l'administration tunisienne.

La notion, mais aussi la moralité du travail et du mérite ont été abaissées et bafouées par des actes qui empêchent encore l'économie tunisienne de se relever. La décadence post-révolution n'est malheureusement pas une surprise et encore moins volée. D'ailleurs, la majorité écrasante des Tunisiens n'a jamais été convaincue des raisons et des choix pris et adoptés tout le long de cette période sombre de l'histoire de la Tunisie.

Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de la dégradation de la situation économique et sociale du pays. Car le problème se situe essentiellement au niveau des aptitudes et des compétences. Des stratégies, des approches et des programmes. Le pire est que, jusqu'à aujourd'hui, les dirigeants d'Ennahdha ont toujours le sentiment d'avoir raison. Et dire que tout le long de la période de son règne, le mouvement islamiste s'est toujours trouvé dans l'incapacité de gérer même le minimum des affaires courantes du pays.

%

En manque de connaissance, de savoir-faire et de professionnalisme, sans qualification réelle, en proie à toutes les dérives et ne disposant pas de la compétence la plus élémentaire, Ennahdha et ses alliés ont conduit vers une issue inévitable un pays qui ne pouvait plus aspirer à une situation meilleure à défaut des dispositions requises.

Les répercussions et les conséquences de la décennie noire continuent toujours à peser, voire à conditionner l'avenir du pays, tant qu'on n'a pas trouvé encore les solutions adéquates et les ressources financières pour redresser une situation devenue à la longue contraignante et inquiétante. L'idée de repartir sur une nouvelle politique complètement différente de ce qui a été entrepris était bonne à prendre.

Il faut dire que même si les plaies du passé sont toujours ouvertes, l'on continue à espérer que les choses pourront changer. Le fait qu'elle a pendant plus de dix ans oublié ses repères ne devrait pas pour autant empêcher la Tunisie de rebondir. L'on est toujours convaincu du fait que l'une des principales vertus des Tunisiens est l'aptitude à ne pas baisser les bras, même dans les périodes où ça ne rigole pas tous les jours.

En même temps, on ne saurait, non plus, s'interdire de penser à tout ce qui aurait dû être accompli au lendemain de la révolution, au gâchis qui coûte encore tellement cher à la Tunisie. Le rétablissement ne peut se traduire que par des façons d'être, de faire et de penser différentes. Il ne s'agit pas seulement de changer, mais de repartir sur de nouvelles bases. Beaucoup de choses devraient voir le jour au moment où d'autres sont censées prendre fi n. Il s'agit de réinventer un pays qui s'est longuement et lamentablement égaré...

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.