Salim Hatubou, écrivain le plus prolifique des Comores, doit être en train de se retourner dans la tombe. La bibliothèque publique qui porte son nom, à Moroni, vient de définitivement fermer ses portes. Ouverte après sa mort, survenue en 2015, la bibliothèque n'a pas survécu aux nombreuses difficultés auxquelles elle a dû faire face. Le ministère de la Culture est pointé du doigt, lui qui a brillé par son absence, selon les acteurs du domaine de la culture.
C'est une décision difficile mais nécessaire, selon les responsables du Centre de création artistique et culturelle des Comores (CCAC). De nombreuses conditions ont motivé cette fermeture définitive parmi lesquelles les difficultés à payer la seule bibliothécaire pour un salaire de 300 euros, mais aussi le vol du seul ordinateur existant et surtout le manque d'accompagnement de l'État.
" C'est toute une machine qui n'a pas marché "
" Nous arrivons à une triste nouvelle qui est la fermeture définitive de la bibliothèque Salim-Hatubou. C'est une bibliothèque qui a beaucoup servi aux enfants des alentours, des écoles publiques et des écoles primaires qui sont autour de ce centre-là. Malheureusement, on arrive à bout parce qu'on ne peut pas tenir cette bibliothèque-là. Malgré tout cela, c'est toute une machine qui n'a pas marché. C'est la machine de l'Éducation, la machine du ministère de la Culture qui n'ont pas su profiter de l'opportunité de ces bonnes volontés qui étaient là pour aider, accompagner, pousser. Aujourd'hui, on est obligés d'arrêter définitivement ", souligne Soumette Ahmed, directeur du CCAC.
Pour de nombreux acteurs du domaine de la Culture, les autorités n'ont jamais assumé leur rôle. Mohamed Toihiri, premier écrivain comorien, est amer face à la fermeture de la bibliothèque Salim-Hatubou. Pour lui, " l'État comorien n'a jamais eu un rôle sur le plan de la culture et nomme un soi-disant chargé de la Culture mais sans lui offrir les moyens pour réaliser sa mission ".
Il n'y a plus de bibliothèques publiques aux Comores
Le ministère de la Culture n'a pas réagi à cette fermeture et n'a pas non plus donné suite à nos sollicitations d'interviews. Quant aux mille cinq cents livres, le CCAC les a offerts à d'autres bibliothèques, notamment scolaires, pour qu'ils puissent servir à d'autres.
Aux Comores, il n'existe, pour le moment, plus de bibliothèques publiques.