L'agression à mort d'un enseignant à Ndiaffate a relancé le débat sur les violences dans le cadre de l'école. Interpellé sur le phénomène, le secrétaire général national du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS), Amidou Diédhiou, soutient que l'Etat doit mettre en place des dispositifs pour assurer la sécurité des enseignants. Mieux, il a fait savoir que " l'Etat doit travailler à respecter la question des normes à l'école ". A l'en croire, c'est cela qui pourrait aider à "donner de la valeur à notre école", et " permettre de résoudre cette lancinante question des violences dans nos écoles ".
" La violence est devenue un phénomène sociétal. C'est dans toute la société où on note des scènes de violence. Le politique, on l'a vu à l'Assemblée nationale. On a vu des gens qui sont derrière leur clavier pour exercer des actes de violence. À l'école également, on constate ces scènes de violence. Les relations tendues entre élèves et enseignants font partie des causes mais également l'environnement scolaire, les infrastructures scolaires, le mode de gestion de nos établissements sont aussi une autre cause de la violence. Je considère également que la défaillance de l'éducation de base en constitue une autre cause principale parce que si nous, parents, avons réussi notre éducation de base, on aurait éduqué nos enfants à ne jamais taper sur quelqu'un, à ne jamais injurier, à ne jamais calomnier.
L'éducation de base est fondamentale. Sa défaillance constitue une cause de la spirale de violences que nous notons. Mais autre cause également, c'est notre religion, la défaillance. C'est-à-dire que si on se réfère à sa religion, que l'on soit musulman, catholique ou juif, il y a des choses qu'on ne fera jamais. Pour moi, ce que nous avons noté à Ndiaffate, nous considérons que c'est un acte de lâcheté, un acte barbare et nous l'avons condamné.
C'est pourquoi nous avons demandé au gouvernement du Sénégal de travailler conformément à la loi 75-33 à assurer la sécurité des enseignants parce que c'est l'État qui doit assurer la sécurité des populations et des biens, que l'on soit enseignant, journaliste ou autre. Il faut que désormais, des dispositifs soient mis en place pour assurer de la sécurité des enseignants.
Maintenant, l'école, elle-même, constitue le terreau, donc l'espace où on peut formater des esprits. Il me semble que nous devons avoir recours à l'enseignement de certaines valeurs. C'est-à-dire que c'est à l'école qu'on peut régler ce problème sociétal. Il faut donc donner du crédit à cette école, de l'intérêt à cette école, de la considération à cette école. Il est bon que le gouvernement du Sénégal se dise, puisque c'est l'école qui peut aider, je dois travailler à respecter la question des normes. La question des normes, c'est quoi ?
C'est un enseignant pour 45 élèves. L'enseignant n'a pas le temps de s'occuper de chaque élève, de connaître chaque élève, de chercher à connaitre ses problèmes et l'aider à résoudre ses problèmes. Donc, la question des ratios. Ce sont globalement ces normes-là qui, il me semble, si elles sont respectées, peuvent aider à donner valeur à notre école et peuvent également permettre de résoudre cette lancinante question des violences dans nos écoles ".