Bénin: Législatives - Petite fenêtre pour une bouffée d'oxygène démocratique

analyse

Cela fait un bon bout de temps que le Bénin n'avait pas connu ça, et ce depuis l'arrivée au pouvoir de Patrice Talon en 2016. Non seulement celui qui, urbi et orbi, avait déclaré qu'il allait se contenter d'un seul mandat s'était parjuré entre-temps pour se taper un second bail au palais de la Marina, mais il aurait profité de son premier mandat pour mettre la démocratie béninoise sous coupe réglée avec la liberté de la presse sous haute surveillance et des artifices politico-juridiques pour empêcher l'opposition béninoise de s'exprimer.

Ne diront pas le contraire les jusque-là embastillés (le constitutionnaliste Joël Aïvo ou l'ancienne garde des Sceaux Reckya Madougou) et les exilés (Komi Koutché, ancien ministre des Finances, condamné à 20 ans de prison par contumace, ou Sébastien Ajavon, 3e à la présidentielle 2016 condamné à 25 ans de prison par contumace).

Cinq ans après, il y a un léger mieux, même si le patient béninois est toujours loin de péter la forme olympique. Hier en effet, 6, 5 millions d'électeurs étaient aux urnes. Fait notable, sur les sept regroupements politiques en lice, trois appartiennent à l'opposition dont celui de l'ancien président Yahi Boni. Avec cette petite ouverture, quatre enjeux majeurs peuvent se dégager. Primo : l'espoir que le taux de participation sera plus important, comparativement aux 70% de taux d'abstention aux législatives précédentes, une faible mobilisation qui se justifiait amplement par le manque d'intérêt. Secondo : le fait sécuritaire dans le nord du pays. A l'image du Togo en effet, la partie adossée au Burkina est frappée par le terrorisme depuis décembre 2021 et a déjà fait une vingtaine de morts dans les rangs de l'armée. Dans ces conditions, nombreux sont ceux qui se demandent ce qui en serait le jour du scrutin.

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Tertio : un possible rééquilibrage des forces au niveau de l'Assemblée qui est restée monocolore durant les quatre années écoulées. Quarto : la place de la femme avec cette fois-ci 24 sièges à elles réservés.

L'on peut donc se féliciter des nouvelles ambitions, même s'il ne faut pas trop rêver. Le parti au pouvoir a eu le temps de s'enraciner. Pendant ce temps, l'opposition ou ce qu'il en restait s'est décomposée. Parviendra-t-elle à tenir la dragée haute aux partisans de Patrice Talon ? Rien n'est moins sûr. Quoi qu'il en soit, il faut se réjouir de cette volonté de vouloir réussir une première élection inclusive qui va un tant soit peu relustrer la démocratie béninoise, considérée comme un phare en Afrique, un phare qui, malheureusement, n'a cessé de pâlir depuis.

Il est vrai, la prochaine échéance présidentielle, prévue pour 2026 est encore loin. Néanmoins, ces législatives sonnent aussi comme une mise en jambe pour les différents acteurs... et pourraient servir de testeur à la popularité du président Talon qui, en principe, est à son second et dernier mandat.

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