Tunisie: Zeineb Mellouli, avocate tuniso-canadienne - Promouvoir la diversité culturelle au sein des grands cabinets canadiens

8 Janvier 2023

C'est à l'âge de six ans que Zeineb Mellouli arrivait au Canada. Elle grandissait au Québec, au sein d'une fratrie de trois filles et d'une famille qui s'attachait à conserver ses valeurs tunisiennes à l'autre bout du monde.

Bien que très intégrés dans le milieu québécois, ses parents n'en tenaient pas moins à préserver traditions et mémoire, ce qui révoltait Zeineb, adolescente rebelle : pourquoi ne pas lui permettre de s'intégrer totalement ? D'autant plus que lors de ses retours en vacances, à Sousse, elle le constatait, ses amies et cousines s'avéraient bien plus libres qu'elle.

Elle en rit aujourd'hui, et se demande si elle ne reproduira pas le même schéma avec ses enfants, tempérée cependant par Simon, son époux canadien.

Zeineb entreprend des études de droit, avec pour objectif de se spécialiser en droit international. Et très vite, l'université suggère à cette élève brillante un stage aux Nations unies, au commissariat du droit des réfugiés.

" Ce fut une expérience grandiose. Je ne réalisais même pas ce que cela allait m'apporter d'être ainsi au cœur des choses. J'ai été amenée à négocier pour les femmes et leurs droits de réfugiées. Ce fut passionnant, mais je me suis vite rendu compte qu'il était extrêmement difficile de faire bouger les choses. Il n'y avait pas d'impact sur le terrain".

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Elle rentre donc au Canada et obtient un stage auprès des juges de la Cour supérieure du Québec, ce qui est un privilège et une excellente école.

" La magistrature me passionne. C'est alors que dans mon esprit s'effectue un revirement total : je me suis rendu compte que le droit social permettait d'influencer les choses, à plus petite échelle, certes, mais de façon plus durable. Et peut-être de laisser une empreinte."

Et un matin, un appel bouleverse sa vie : un des plus gros cabinets canadien lui propose un poste. Sachant que les cabinets canadiens sont d'énormes structures de plusieurs centaines d'avocats, américains, et presque totalement fermés à la diversité.

Ses amis la taquinent : on ne saura même pas prononcer son nom dans ce cabinet !

Et pourtant ! Elle concède : " Dès le premier entretien, je suis tombée en amour de l'équipe qui m'a reçue. On a parlé de la Tunisie et j'ai été prise. Il y avait seulement un Libanais issu de la diversité. J'ai donc accepté l'offre et demandé à être dans le comité de recrutement. Je voyais passer des CV atypiques, de Tunisiens, Algériens, Marocains, brillants, mais qui n'avaient pas de réseaux".

"Je voulais que l'on puisse lire les CV avec d'autres lunettes. Et je souhaitais que le cabinet puisse refléter mes valeurs. Il y a dix ans, on ne voyait pas ce que la diversité culturelle pouvait offrir comme valeur ajoutée à un cabinet. C'est cela que je me suis attachée à promouvoir. Moi qui me suis toujours pensée comme faisant partie de la majorité québécoise, je me suis rendu compte qu'en tant que Tunisienne, j'appartenais aussi à cette minorité qui avait une richesse à faire valoir."

Elle participe donc à la formation d'un comité pour la diversité culturelle, affilié au barreau du Québec. Celui-ci a pour rôle d'aider les personnes de diversité culturelle, mais aussi de sensibiliser les juges à cette diversité culturelle. Il a aussi pour rôle de briser le plafond de verre, et de promouvoir cette diversité au sein des grands cabinets d'avocats. Un forum d'évaluation de la situation est organisé. Une déclaration signée par les 15 plus importants cabinets les engageant concrètement. Une saine émulation jouant, il y eut effet positif. Les recrutements augmentent de façon conséquente puisqu'on arrive aujourd'hui à compter 17% d'avocats issus de la diversité culturelle.

Quant à Zeineb Mellouli, jeune avocate tuniso-canadienne, elle est aujourd'hui la première femme tunisienne associée dans un grand cabinet canadien.

Son souhait : créer des échanges, des rencontres, des coopérations avec le barreau tunisien.

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