La nouvelle année est une occasion pour certains détenus de retrouver leur liberté et de revenir dans la société. Des bénéficiaires de la remise gracieuse des peines ont témoigné de leur vie difficile en prison.
La mise en vigueur du décret 2022-1700 portant remise gracieuse des peines à l'occasion du nouvel an 2023 a permis à de nombreux détenus de la Maison Centrale d'Antanimora de regagner leur liberté vers la fin de la semaine dernière. Près de trois cent soixante-cinq détenus ont reçu une libération immédiate. Parmi eux, un père de famille d'une vingtaine d'années qui a pu sortir samedi matin. Marcel (nom d'emprunt) se félicite d'avoir pu sortir pour être enfin avec sa petite famille. "J'ai écopé d'une peine de 6 mois à Antanimora mais la grâce qui nous a été accordée m'a permis de sortir après trois mois passés à Antanimora", indique-t-il.
Le père de famille rêve de faire la surprise à sa famille. " Ma femme n'est pas au courant que j'allais sortir ce jour (ndlr: samedi dernier). C'est une joie de se retrouver hors de la prison et de pouvoir ressentir la liberté après avoir purgé les trois mois de ma peine. J'ai raté des événements importants dans la vie de famille notamment la naissance de mon fils lorsque j'étais enfermé ici", enchaîne-t-il. En évoquant la fin de son calvaire, ce père de famille regrette et veut se racheter dès sa sortie de la prison. " Les trois mois passés ici ont été ceux les plus difficiles de toute ma vie. Je me suis retrouvé ici parce que j'ai volé dans la maison de mon employeur. Lorsque j'étais en prison, ma famille n'arrivait pas à remettre les provisions pendant des mois. Dès fois on ne mange pas pendant des jours", indique-t-il.
Allègement
Pour la prison d'Antanimora, sur les trois cent soixante ayant obtenus une libération immédiate, trois cents sont des hommes, cinquante-deux sont des femmes et six sont mineurs, selon le canevas des résultats suivant le décret en date du 31 décembre dernier. La remise de peine bénéficie aux personnes ayant été condamnées à des peines privatives de liberté en cours d'exécution, dont les remises partielles vont de trois à huit mois pour les personnes condamnées à des peines correctionnelles. La remise totale des peines concerne les cinquantenaires et sexagénaires ainsi que les mineurs. Pour les mineurs, les bénéficiaires sont ceux qui ont purgé la moitié de leur peine. Pour cette année, de nouvelles dispositions ont été observées.
En effet, sont exclus de la liste des bénéficiaires, les détenus ayant été condamnés pour atteinte à la vie du Chef de l'État ou celles qui ont été condamnées pour atteinte à la sûreté de l'État ainsi qu'à l'incitation à des actes de terrorisme et criminalité transnationale organisée. Chaque année, la remise gracieuse des peines permet de réduire en partie les effectifs des détenus en prison. Pour le cas de la prison d'Antanimora, la prison enregistre près de quatre mille six cent soixante-un détenus.
" Une telle décision permet de bien alléger les effectifs dans la prison. Ainsi, on pourrait mieux gérer la sécurité interne", indique Ramangason Hajatiana Andrianovona, contrôleur d'Administration pénitentiaire, à la Maison Centrale d'Antanimora. Le sureffectif évident dans cette prison est dû à l'insuffisance de l'infrastructure carcérale. Le manque criant de places pèse sur les conditions de détention des prisonniers.