Madagascar: Le temps des économistes et le temps des politiques

Démission tumultueuse du Gouverneur de la Banque centrale ; Inflation galopante ; dépréciation de l'Ariary face au Dollar et l'Euro et enfin difficultés pour l'Etat face à ses engagements financiers. Autant de rumeurs et de faits réels qui font tanguer la nef Rajoelina.

D'abord Henri Rabarijohn qui quitte le navire rend mal à l'aise le pouvoir en place, le personnage est en effet un " casting " clé tant par ses compétences que par sa notoriété d'homme intègre. Un départ pour raison de santé et son remplacement sur le champ laissent planer quelque incongruité, déjà le statut de la banque de l'Etat dit qu'en cas " d'indisponibilité du gouverneur, le Directeur Général le remplace ", ce qui n'a pas été le cas et pourquoi ? Le financier aurait-il prêché des directives " dogmatiques " à ses anciens collaborateurs au point qu'il faut effacer son passage.

Toujours dans le sillage des rumeurs, certains prétendent que le démissionnaire aurait refusé de recourir à la planche à billets pour combler les besoins énormes de financement de l'Etat. Une pratique contraire à la rigueur de l'ancien gouverneur, La "planche à billets" revient en fait à créer de la monnaie ex-nihilo, c'est-à-dire sans création de richesse correspondante. En effet, en temps normal, pour pouvoir créer de la monnaie, " la banque centrale d'un pays doit disposer de compensations à l'actif de son bilan, en l'occurrence de l'or, des réserves de changes et des titres (notamment des obligations d'Etat).

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C'est ce que l'on appelle les contreparties de la massemonétaire ". De la sorte, il existe une correspondance entre la monnaie en circulation et la réalité économique du pays et surtout dans notre cas par l'octroi de crédits par les banques primaires et les rentrées en devises et il y aura destruction de la monnaie avec les remboursements d'emprunt. Ce qui veut dire qu'actionner la " planche à billets " revient à créer de la monnaie sans contrepartie préalables avec comme risque un dérapage inflationniste (les images apocalyptiques de brouettes de billets pour aller au marché sont en tête), sans oublier la perte de confiance envers la monnaie nationale prélude à sa dévaluation.

Il n'y a pas si longtemps, une publication sur les réseaux sociaux avait comme titre " Où sont les économistes ? " Comme réponse on peut dire " ils se sont faits doubler par les " politiques ", car la notion de temps des deux entités est différente, les premiers travaillent sur le long terme tandis que les seconds pensent en temps de campagne et de mandat électoraux.

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