La diplomatie a échoué. C'est le moins qu'on puisse écrire. Les incessants ballets diplomatiques des émissaires de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (CEDEAO) auprès des autorités maliennes en vue de la libération des 46 militaires ivoiriens détenus dans ce pays n'ont pas donné le résultat attendu qui était la libération de ces soldats. Face à cette situation, les présidents et chefs de gouvernement de la CEDEAO ont décidé d'être plus fermes. Réunis à Abuja au Nigéria hier, lors du 62e Sommet ordinaire de la CEDEAO, ils ont fixé un ultimatum pour la libération des 49 soldats ivoiriens. En effet, passé le 1er janvier 2023, si les soldats ivoiriens ne sont pas libérés, la CEDEAO prévoit des sanctions contre le Mali. Pour l'heure, la nature de ces sanctions n'est pas encore connue. Toutefois, il est possible qu'elles soient économiques, financières ou diplomatiques.
On se rappelle qu'en janvier 2022 à la suite d'une réunion des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, des sanctions avaient été infligées contre le Mali et ses dirigeants. Au rang de ces sanctions décidées en concertation et endossées par l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), on note le rappel des ambassadeurs des Etats de la CEDEAO, la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali, la suspension de toutes transactions commerciales et financières avec le pays, à l'exception des produits alimentaires de grande consommation et produits pharmaceutiques, notamment. Il y avait aussi le gel des avoirs de la République du Mali dans les banques centrales de la CEDEAO, ainsi que le gel des avoirs de l'Etat malien et des entreprises publiques et parapubliques dans les banques commerciales des pays de la CEDEAO.
Le pays, déjà sous perfusion, avait souffert à l'époque de ces sanctions. De nombreux ménages maliens comptent sur les transferts de la diaspora pour vivre. Par ailleurs, la fermeture des frontières entre le Mali et les autres pays de la CEDEAO a asphyxié l'économie malienne. En théorie, les denrées de première nécessité comme le lait, le sucre, l'huile, la farine et les médicaments n'étaient pas touchés par ces mesures. Pourtant, dans les marchés de Bamako, les sanctions de la CEDEAO se sont fait sentir sur ces produits. Les marchés ont subi la hausse du prix des produits de première nécessité liée à l'effet psychologique des sanctions.
En effet, fermer les frontières d'un pays exsangue, enclavé et si dépendant de l'aide extérieure a pénalisé l'ensemble de la population. A l'époque, la crise économique s'était doublée d'une crise alimentaire. Les agriculteurs n'ont pas semé à la hauteur de leurs besoins. Parce qu'ils n'ont pu acheter les intrants, faute de moyens, ou parce qu'ils étaient bloqués dans les ports par la congestion du transport maritime. Il est bon de rappeler que le Mali importe 70% de ses besoins alimentaires. Même les produits extractifs comme l'or et de grande production comme le coton ont connu des difficultés.
L'approvisionnement en ciment était difficile, tout comme les autres matériaux de construction. La demande étant plus forte que l'offre.
Au cours de ce sommet, les chefs d'Etat et de gouvernement de la CEDEAO ont également adopté un projet de création d'une force antiterroriste et anti coups d'Etat, ainsi que de l'aide à apporter à la transition au Burkina. Il a été demandé une vigilance accrue au Mali et un dialogue inclusif en Guinée. Le sommet s'est dit inquiet de la situation sécuritaire et humanitaire au Burkina.