Sénégal: Conseil interministériel sur les accidents et la sécurité routière - Non à une rencontre de plus, oui à l'action !

Un accident de la circulation a fait 39 morts et 79 blessés, dans la nuit de samedi 7 à dimanche 8 janvier à Sikilo, dans la région de Kaffrine. Suscitant émoi, indignation et tristesse chez toute la population sénégalaise. Réagissant à cette tragédie, le président de la République, Macky Sall, a annoncé qu'"Un Conseil interministériel se tiendra à même date (ce lundi 9 janvier, ndlr) pour la prise de mesures fermes sur la sécurité routière et le transport public des voyageurs".

Seulement, au-delà de cette catastrophe, qualifiée de première dans l'histoire du Sénégal, et la décision du chef de l'Etat, force est de constater, pour le regretter, notamment sur nos routes, que les drames se multiplient et les réactions des autorités se suivent et se ressemblent, avec des annonces de "mesures fermes" pour "plus jamais ça", qui ne sont jamais suivies d'effet. Et après, tout est rangé dans les tiroirs, en attendant d'autres tragédies pour dépoussiérer ces mesures pourtant dites "fortes" dont l'effectivité de l'application pose toujours problème.

A titre d'exemple, en octobre dernier, en visite à Tambacounda, après l'accident de Koussanar qui avait occasionné 16 morts quelques jours plutôt, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye, avait annoncé la tenue prochaine d'un Conseil interministériel, une "rencontre de haut niveau" qui devait être une occasion donc pour l'autorité de prendre des mesures afin de mettre fin aux accidents de la route.

Avant cette sortie du ministre, les questions de sécurité routière et des accidents de la route, avec leur cortège de plus de 600 morts et des milliers de blessés par an, se sont invités plusieurs fois à la table du Conseil des ministres. Comme ce fut le cas le mercredi 6 novembre 2019 où le chef de l'Etat, Macky Sall, profitant de la réunion hebdomadaire avec ses ministres, avait décidé de faire de 2020 l'"Année de la sécurité routière". Mieux, un Conseil présidentiel sur le sujet devrait être tenu la même année.

Auparavant déjà, en mars 2017, lors de son déplacement à Saint-Louis, après qu'un accident de la route eut couté la vie à une quinzaine de personnes, le président Macky Sall avait déclaré que le moment est venu de prendre toutes les mesures pour arrêter l'hémorragie, notamment à travers principalement l'immobilisation momentanée de tous les véhicules qui ne devraient disposer de visite technique leur permettant de circuler ou de transporter des personnes. Mieux, il avait reconnu que les limites en matière de tolérance ont été dépassées. Mais le phénomène persiste toujours. Et les nombreux post sur Twitter et appels au sens de la responsabilité et au respect du Code de la route, après chaque drame du genre, n'y feront rien.

Bref, l'une des mesures phares des autorités et saluée par les populations à l'époque, concernait les "10 commandements" que le gouvernement avait pris en 2017 pour lutter contre l'insécurité sur les routes. C'était à l'issue d'un Conseil interministériel tenu le 9 février 2017, mesures formulées par le président Macky Sall. Il s'agissait :

"1- Tout véhicule en circulation, non présenté par le propriétaire à la visite technique, sans motif valable, à l'expiration de celle-ci, sera immédiatement immobilisé et mis à la fourrière.

2- Les réparations à effectuer sur le véhicule seront constatées par l'expert chargé des visites de la zone géographique où l'infraction a été commise et une mise en demeure d'effectuer les réparations dans un délai d'un mois, sous peine de retrait définitif dudit véhicule de la circulation, sera envoyée au propriétaire.

3- A titre provisoire, les opérations de mutation de Dakar vers les autres régions pour les véhicules de transport interurbain de voyageurs et de marchandises, sont suspendues

4- Interdiction formelle d'opérer des transformations sur tout véhicule destiné au transport de marchandises en vue d'en faire un véhicule de transport de personnes.

5- Toute transformation des véhicules d'origine destinées à augmenter les places assises pour les passagers ou à créer des porte-bagages supplémentaires sont interdites et une tolérance zéro est appliquée contre les surcharges de personnes et de bagages.

6- L'âge minimum requis pour conduire les véhicules de transport urbain de passagers et taxis urbains est fixé à 25 ans. Et L'âge minimum requis pour l'obtention du permis de conduire pour les conducteurs de véhicules de transport public interurbain de passagers et de marchandise est fixé à 30 ans.

7- Obligation d'immatriculer gratuitement tous les véhicules motorisés à deux roues auprès des services compétents du Ministère des Transports terrestres pendant 6 mois à compter du jeudi 16 mars 2017.

8- Port de casque homologué obligé pour tout conducteur de véhicules à deux roues qui circule sur la voie publique, avec ou sans passager, sous peine d'immobilisation immédiate. Et une amende forfaitaire est prévue à son encontre par les dispositions réglementaires du Code de la route.

9- Les véhicules dont l'état de vétusté est tel que leurs circulations compromettrait gravement la sécurité des personnes ou des biens seront mis à l'écart.

10- Les dispositions du Code de la route, interdisant l'usage du téléphone au volant, l'excès de vitesse et rendant obligatoire le port de la ceinture de sécurité, et le respect de la signalisation horizontale et verticale, " seront rigoureusement appliquées."

Cinq ans après, les autorités peinent toujours à imposer ces décisions qui, pourtant si elles venaient à être effectives, seraient salutaires pour les populations, premières victimes des routes meurtrières. Aussi, face aux menaces de grèves des transporteurs, qui semblent peu soucieux de la sécurité routière, il est à déplorer, encore, que l'Etat finit par "ranger" ses nombreuses mesures et ses engagements ; ce qui fait que les accidents constituent toujours un épineux problème, avec la saignée macabre qui se poursuit. Alors, le temps d'annoncer des mesures fermes dépassé, il faut agir !

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