Burkina Faso: Silence du gouvernement burkinabè après la tuerie de Nouna

Une rue de Kaya, au Burkina Faso (image d'illustration).

Les autorités du Burkina Faso restent discrètes après la tuerie qui a fait 28 morts dans la nuit du 30 au 31 décembre dernier.

La fin d'année fut sanglante au Burkina-Faso. Dans la nuit du 30 au 31 décembre dernier, vingt-huit personnes étaient massacrées à Nouna, essentiellement au sein de la communauté peule. Comme la DW l'évoquait alors, citant le Collectif contre l'impunité et la stigmatisation des communautés, l'attaque contre des civils serait l'oeuvre de volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Ils s'en seraient pris aux habitants à la suite d'une attaque terroriste qui avait visé leur quartier général.

Ces affirmations n'ont toujours pas été confirmées à ce jour par les autorités. Mais ces derniers jours, après leur exposition public, les membres du Collectif contre l'impunité et la stigmatisation des communautés se disent victimes de menaces.

En revanche, coté gouvernement on se veut très prudent. "C'est une affaire traitée par la justice, il y a une séparation des pouvoirs au Burkina", répond le ministère de la Communication à la DW. Juste après les faits, les autorités ont bien publié un communiqué, se disant "solidaire des familles endeuillés", appelant à "l'unité des fils et filles de la Nation".

Des questions sans réponse

Mais aucune réponse quant aux auteurs de l'attaque. S'agissait-il bien de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), comme l'assurent les populations sur place ? Des VDP "dozo" qui s'en seraient pris à des populations peules ? "Une enquête est ouverte", répond le gouvernement sans en dire davantage. "Achaque fois que les organisations de défense des droits humains dénoncent des exactions, on annonce l'ouverture d'enquêtes", s'agaçait déjà après l'attaque Ali Sanou, le secrétaire général du Mouvement burkinabè des Droits de l'Homme et des Peuples (MBDHP). Et d'ajouter. "Nous attendons toujours que ces ouvertures soient suivies de jugements effectifs pour les auteurs de tels actes."

Appels au calme

Les ressortissants peuls de la province de la Kossi près de Nouna dénoncent eux un problème plus large au-delà du massacre. Ils parlent de "stigmatisation permanente" de la population peule sur place. Mais de tous côtés, on appelle au calme, à éviter les amalgames et les problèmes ethniques. Les populations en appellent à l'action de l'Etat, muet jusqu'ici. Le procureur de Nouna implore les habitants de garder leur "retenue".

"Nous pensons que nous pouvons et nous devons améliorer aussi bien la formation des VDP, que le contrôle des actions qui sont menées sur le terrain", insiste Ali Sanou. "Leur formation ne devrait pas consister uniquement en une formation de type militaire, sans intégrer les modules tel que le respect des droits humains."

Pour l'heure, le gouvernement n'a fait aucune annonce en ce sens. "Nous restons engagés à assurer la protection des tous les Burkinabè sans distinction", écrivent simplement les dirigeants.

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