Une quarantaine de morts ( Que Dieu ait pitié de leur âme ) dans un accident d'une rare violence, certainement un des plus graves dans l'histoire du transport routier. Un vrai drame, une monstrueuse hécatombe.
Assez pour que l'Etat du Sénégal mette, enfin, de l'ordre dans le secteur du transport routier. Rappelons-le, au besoin, cet accident fait suite à une très longue série macabre des drames routiers. Nous estimons qu'il faut, et dans les plus brefs délais que nos pouvoirs publics posent les diagnostics rigoureux sur ces accidents récurrents dans notre pays.
Assainir le secteur est devenu plus qu'une urgence ou un impératif. Agir pour une bonne régulation du trafic et harmoniser la cohabitation entre les différents modes de transport pour que l'espace routier soit plus sécure et moins stressant pour les usagers qu'il ne l'est aujourd'hui avec son lot de pertes en vies humaines.
Et dans cet exercice, l'Etat est interpellé au premier chef et doit prendre toutes ses responsabilités pour revoir les conditions de délivrance des permis de conduire, de statuer sur la vétusté du parc automobile, de renouveler ledit parc , de limiter l'âge des véhicules importés surtout pour ce qui concerne le transport en commun, de pointer sans compromis aucun la qualité du contrôle routier par nos forces de sécurité, de standardiser sur l'étendue du territoire national le type contrôle technique moderne des véhicules ( comme le Centre de contrôle technique des véhicules a Dakar ) , bref, l'Etat est invité à plus de fermeté et à moins de complaisance.
Disons-le très clairement, les syndicats du secteur stratégique des transports n'ont pas pour mission ou pour rôle de définir la politique de transport dans notre pays, c'est à l'Etat que revient l'imputabilité de cette responsabilité. Cependant, il faut souligner l'importance voire la primauté du facteur humain dans le lien de causalité eu égard à la survenue des accidents mais également nos comportements d'indiscipline individuelle et collective qui mettent en danger la vie de plusieurs d'entre nous.
Tous les experts à l'instar de mon ami Ibrahima Ndongo ont, dans leurs études, à propos de l'accidentologie, relever la part déterminante dans la typologie des causes avec la trilogie homme-route- véhicule. Et dans les statistiques, il ressort que 97% de ces causes incombent au facteur humain. C'est dire alors que nos comportements en marge des principes et règles en matière de sécurité routière, sont principalement la cause de tous ces accidents- il nous faut faire face à nos propres tares.
A ce niveau, une profonde réflexion/introspection s'impose. Autant dire que le ver est dans le fruit, le mal est profond, très profond même. Une bonne politique de formation routière assortie d'une juste appropriation de ce qu'on pourrait appeler une citoyenneté routière non sans manquer de souligner l'importance du volet sanctions pécuniaires et mêmes pénales à infliger à tous les récalcitrants et autres contrevenants aux règles définies par l'autorité.
Au-delà de toutes ces réactions d'indignation et du poids de la charge émotionnelle que charrie ce genre de drames, il faut que les pouvoirs publics prennent à bras le corps ces graves questions de sécurité routière dans notre pays et adressent très correctement toutes les problématiques y afférentes. Mame Cheikh Ahmed Tidiane SY Al Maktoum nous aura en tout cas prévenu au crépuscule de sa vie en nous léguant cette prophétie : " Rewmi bou gnou ko sangoul ci khôl bou laab di na gnou ko sangue ci derret ".
Si nous ne nous résolvons pas à organiser cette séance grandeur nature d'exorcisme pour expurger le mal qui habite notre société malade ( comme nous y a invité mon éminent professeur de Psychologie sociale Serigne Mor Mbaye à travers son puissant concept de ndeup collectif ), nous resterons toujours exposés à ce genre de situations regrettables. Quand c'est urgent, c'est déjà tard, disait Talleyrand . Des mesures urgentes doivent être prises et assumées pour que pareille situation ne se répète. Trop de morts sur nos routes, à l'Etat de faire prévaloir son autorité et d'exercer ses prérogatives régaliennes de puissance publique puisqu'il est le seul garant de notre
sécurité. Ce grave accident de Sikilo a plongé tout un peuple dans la consternation et l'émoi, il ne doit pas être passé par pertes et profits. Trop de discours sans lendemain de nos autorités, nous avons
cette fois-ci une obligation d'agir. C'est un devoir vis-à-vis des défunts. Plus jamais ça !
Sociologue
Membre de la société civile et théoricien du changement social