Madagascar: Grand Sud - Un phénomène migratoire de plus en plus inquiétant à Toliara ville

Les cyclo-pousses font la loi dans la circulation urbaine à Toliara.

La cité du Soleil change de nom par la force d'une conjoncture économique très difficile. Toliara devient tout simplement la capitale des cyclo-pousses puisque la ville détient actuellement le record en nombre de ce mode de transport à Madagascar.

À l'origine de cette situation plus que catastrophique se trouve un phénomène migratoire qui s'aggrave au fil du temps.

Chômage

Fuyant la sécheresse et la famine provoquées par le changement climatique, un nombre pléthorique de migrants s'installent dans la ville de Toliara qui devient, par ailleurs, la ville où le taux de chômage est l'un des plus élevés à Madagascar. Un chômage qui n'est pourtant pas difficile à résorber si l'on tient compte des potentiels économiques de la région. Notamment le potentiel minier qui n'est malheureusement pas exploité d'une manière rationnelle pour lutter contre le chômage. C'est le cas notamment de Base Toliara, une entreprise minière censée créer des revenus et des emplois, mais qui, pour le moment, est en suspens depuis des mois. Face, en tout cas, à la paupérisation grandissante de la ville, l'opinion publique crie plus que jamais à la reprise des activités de Base Toliara qualifiée comme l'une des solutions viables pour créer des emplois et susciter le développement de la ville, voire de toute la région. Dédé Vita Sidison, maire de la ville de Toliara dénonce cette situation chaotique. " Les impacts de la pandémie de Covid, conjugués avec des sécheresses récurrentes, continuent de pénaliser le développement de la ville de Toliara. Mais le chef-lieu de district de la région Atsimo Andrefana demeure une zone où migrent désespérément des gens issus d'autres régions du Sud de Madagascar qui fuient la famine ", déclare-t-il. Pour l'édile de la ville de Toliara, la gestion de la situation est plus que jamais difficile. " Non seulement ces migrants accroissent le nombre des sans-abris mais leur présence multiplie dangereusement le nombre des sans-emplois ".

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Péril en la demeure

C'est cela qui provoque d'ailleurs l'insécurité grandissante à Toliara ville et ses environs. Et quand ils ne versent pas dans le banditisme, les migrants, mais aussi les jeunes diplômés au chômage optent pour des activités informelles dont le petit commerce. Du coup, dans certains quartiers, le nombre de commerçants de rue est en passe d'égaler celui des foyers. En tout cas, pour le maire Dédé Vita Sidison, il y a péril en la demeure et des solutions d'urgence s'imposent. Parmi les démarches immédiates à suivre, il propose notamment la reprise des activités de Base Toliara. " Ce projet minier peut constituer un facteur de développement pour la région Atsimo Andrefana ", soutient-il en ajoutant que la priorité est aussi de veiller sur les intérêts de la population. " En tant que premier responsable de la ville dont le développement me tient à cœur, je me soucie au plus haut point de l'amélioration des conditions de vie de la population, et l'un de mes objectifs est de résoudre par tous les moyens les problèmes liés au chômage ", soutient ce responsable qui ne voit aucune raison de bloquer les activités d'une entreprise minière créatrice de richesses, et d'emplois directs et induits. Il ne cache d'ailleurs pas que depuis sa prise de fonction, il s'est battu pour la réouverture de Base Toliara. À cet effet, il n'a pas hésité à intégrer le projet de port d'acheminement des minerais de Base Toliara dans le Plan d'Urbanisme Directeur (PUDi) de la commune urbaine de Toliara. " S'il n'en tenait qu'à moi, je rouvrirai immédiatement ce projet minier " déclare-t-il en faisant toutefois remarquer que " la décision de réouverture ne relève pas de sa compétence, mais de celle de l'Etat central ". Sur ce point d'ailleurs, le maire de Toliara ville fait confiance au pouvoir public et l'invite à prendre en considération l'urgence de la situation.

Solution efficiente

Jean Rabehaja, député de Toliara I abonde également dans le sens du maire, par rapport à la l'urgence d'une solution efficiente pour résoudre les problèmes rencontrés par cette localité du Sud-ouest. Il constate que Toliara fait face à un exode rural massif dû au changement climatique et qui se manifeste par la venue massive des populations du littoral sud de Toliara vers la ville. " Notre Constitution n'interdit aucunement ce genre de déplacement sauf que la cité n'est pas préparée à accueillir ces innombrables migrants. Un des indicateurs de cette situation est la hausse considérable du nombre de cyclo-pousses qui inondent les rues de la ville ", souligne l'élu qui constate amèrement que le chômage prend une proportion inquiétante à Toliara I, une ville qui manque d'unités industrielles et d'entreprises franches. Le député Behaja cite également la cherté de l'énergie électrique parmi les problèmes de la ville. En effet, les tarifs d'électricité à Toliara sont l'un des plus élevés du pays et cela décourage les investisseurs. Autant de points noirs qui incitent l'élu à se ranger également du côté de ceux qui militent pour la réouverture de Base Toliara. " La reprise de ce grand projet minier s'impose du moment que l'objectif commun est le développement de la région et le bien de la population ". Il précise que " le sujet ne devrait pas être source de division au sein de la population mais au contraire promouvoir l'unité si l'on trouve un terrain d'entente ". Il pense d'ailleurs que tout le monde y gagnera si l'on met en place une bonne communication entre défenseur et adversaire du projet pour aller de l'avant. Il propose à cet effet, la tenue d'une table ronde qui réunira toutes les parties prenantes, publiques et privées.

Efforts entrepris

Quoiqu'il en soit, les autorités et élus de Toliara reconnaissent quand même les efforts entrepris par l'Etat pour le développement de la région Atsimo Andrefana. En matière d'infrastructures, par exemple, on peut citer les routes réhabilitées, les établissements scolaires " manara-penitra " ou encore les centres de santé de base II (CSB II). " L'Etat devra cependant miser davantage cette année sur les secteurs productifs, comme l'agriculture et l'élevage pour assurer la sécurité alimentaire de la région Atsimo Andrefana ", suggère le maire de Toliara I. " L'appui devra ainsi considérer l'amélioration et le développement des infrastructures agricoles, dont notamment les barrages, la dotation d'équipements agricoles ou encore des semences adaptées au climat local ", recommande-t-il en proposant de travailler avec l'Etat dans ce sens. Sur ce point, d'ailleurs, la commune urbaine de Toliara va poursuivre ses projets de développement urbain, relatif à l'adduction d'eau dans les fokontany. Pour 2023, la commune urbaine s'attaquera également à l'éclairage public avec l'installation de lampes " cobra " dans chaque fokontany. Le maire, Vita Dédé Sidison, avance en même temps la construction de plusieurs WC publics, voire des blocs sanitaires. Le règlement des problèmes de logements pour ceux qui squattent les trottoirs de la ville de Toliara. À l'échelon régional, d'autres projets sont également en vue pour 2023. Pour ne citer que le lancement des travaux sur la RN10, le bouclage des travaux sur la RN9, l'achèvement du pont de Mangoky reliant le Menabe et l'Atsimo Andrefana, ou encore le Projet de Développement de la zone de Transformation Agro Industrielle dans la Région du Sud-Ouest de Madagascar (PTASO) financé par la BAD. Le Sud n'est pas oublié.

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