À l'instar des tendances internationales, le projet e-Ariary, qui fait l'objet d'une étude approfondie, s'inscrit dans une perspective visant, notamment, à affirmer la souveraineté de la monnaie nationale, à assurer l'intégrité et la stabilité du système financier, à soutenir les objectifs d'inclusion financière, à maîtriser l'expansion de la circulation fiduciaire et permettre la mise en place d'un système national de paiement moderne, dynamique et sécurisé.
Selon Banky Foiben'i Mada-gasikara (BFM), l'e-Ariary serait un instrument important qui permettrait d'évoluer au rythme de la digitalisation. Mais la banque des banques estime que les études doivent se poursuivre avant l'entame de la phase d'expérimentation qui, si elle s'avèrerait positive, permettra le déploiement d'une monnaie digitale mise à la disposition du public, en complément des billets de banque, en tant que moyen de paiement sécurisé, facile d'utilisation, accessible et ayant cours légal sur le territoire national.
Par ailleurs, l'e-Ariary présenterait les avantages offerts par les solutions de paiement privées, tout en bénéficiant de la régulation et du contrôle de l'Autorité monétaire. " L'introduction de l'e-Ariary pourrait avoir des implications significatives, notamment sur la stabilité financière et monétaire. Mais des arbitrages sont à faire afin que son émission n'entrave la capacité de BFM à s'acquitter de son mandat ", a-t-on aussi fait savoir.
Bref, BFM veut privilégie " une démarche prudente et réfléchie " dans ce projet qui sera conduit en deux phases distinctes. La première phase consiste à conduire des travaux d'analyse, de conception et d'expérimentation. La deuxième phase du projet porte sur le déploiement et la mise en production. La réalisation de cette deuxième phase est conditionnée par les résultats de la phase expérimentale.
À savoir également que le projet est mené dans le cadre régissant le Central Bank Digital Currency (CBDC), c'est-à-dire une nouvelle forme numérique de monnaie de Banque centrale, qui ne peut être émise ou détruite que par cette dernière et qui doit être distinguée des réserves ou des soldes de règlement détenus auprès des Banques centrales. Le CBDC est garanti par la banque centrale et présente ainsi un risque de liquidité et de crédit a priori réduit.
S'adapter au contexte local
Toujours selon les explications fournies, les études relatives au projet e-Ariary doivent pouvoir donner les éclairages nécessaires sur les possibilités de donner un accès plus inclusif aux paiements réglementés et aux services financiers formels pour les communautés et les groupes socio-économiques mal desservis, ainsi qu'à réduire la circulation du cash dans le pays. C'est à cet effet que BFM a lancé un processus dont le but final est la sélection d'un fournisseur ou intégrateur de solutions techniques CBDC. Elle attend de ce fournisseur une solution à même de s'intégrer dans l'écosystème actuel tout en considérant les spécificités du contexte local à Madagascar.
" Il s'agit d'améliorer l'inclusion financière en réduisant les coûts de transaction, en offrant un service plus accessible, efficace, rapide et à faible risque. On devrait aussi pouvoir réduire les coûts inhérents à la gestion du cash, en permettant l'émergence de moyens de paiement dématérialisés efficaces qui permettraient de réduire les coûts liés à l'utilisation du cash : impression, transport, tri des billets et pièces, etc ", a indiqué un des responsables du projet qui a aussi rappelé que l'affirmation et le renforcement de la souveraineté monétaire figurent également parmi les résultats attendus.
Mais en attendant le rapport d'étude, on sait déjà que l'e-Ariary sera échangeable à parité égale avec l'Ariary. Sa conception est basée sur un modèle de distribution intermédiée permettant d'utiliser des synergies avec le réseau de distribution existant des intermédiaires (banques et autres institutions financières). Elle sera axée sur un usage domestique dans un premier temps, mais avec une ouverture pour un usage transfrontalier à l'avenir Notons, enfin, que BFM a déjà lancé un appel à manifestation d'intérêt en vue de la sélection d'un assistant à la maîtrise d'ouvrage du projet. Le document y afférent précise que l'initiative s'inscrit dans une perspective visant, notamment, à soutenir les objectifs d'inclusion financière, maîtriser l'expansion de la circulation fiduciaire, et renforcer l'efficacité, l'efficience, la sécurité et la robustesse du système national de paiement.