Angola: Offensive touristique en direction des Américains d'ascendance angolaise

L'Angola vient d'adopter une stratégie de développement touristique et économique consistant à cibler sa diaspora aux Amériques, du Brésil à Cuba en passant par les États-Unis. Elle représenterait, rien qu'aux Etats-Unis, pas moins de 12 millions de personnes, un potentiel lié à une identité et à un héritage communs.

Durant plusieurs siècles, des millions d'Angolais ont été réduits en esclavage et arrachés à leur terre pour être embarqués dans des navires à destination des Amériques. Étudier leurs traces, c'est la mission d'Afonso Vita, docteur en géographie humaine. "L'Angola fait partie des pays africains qui ont perdu le plus d'hommes, de femmes et d'enfants à l'époque de la traite des esclaves [... ] Il y a de nombreux lieux où l'on trouve encore des traces de ce commerce transatlantique" , a expliqué Afonso Vita. Les esclaves africains "ont construit l'Europe, l'Amérique et même l'Asie, et ils ont contribué à des changements dont on voit encore l'influence de nos jours, au niveau mondial", a-t-il ajouté. Cette traite humaine a prospéré en Angola et au Portugal. Par exemple, au Portugal, des plaques portant leurs noms témoignent de leur passage.

L'Angola veut faire de cette dimension internationale un travail de mémoire et encourager le tourisme comme au Musée national d'histoire et de culture afro-américaines à Washington. Le président angolais, Joao Lourenço, a visité ce musée en 2022. A cette occasion, il a invité la famille Tucker, une famille de descendants d'esclaves angolais, en Angola. Joao Lourenço était accompagné, lors de cette visite, d'une descendante d'esclaves angolais, Mary Elliott, conservatrice pour les questions d'esclavage américain. "Les Afro-Américains ont été réduits en esclavage dans une nation fondée sur la liberté. Nous avons été en mesure de faire des recherches généalogiques pour retrouver la trace de leurs descendants," a-t-elle expliqué. " C'est pour moi un honneur de faire cette visite avec vous [Monsieur le président de la République] aujourd'hui parce que vous et moi, nous sommes liés", a précisé Mary Elliott.

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Faire du corridor de Kwanza un patrimoine mondial de l'Unesco

Le fleuve Kwanza était l'axe principal de l'expansion coloniale portugaise vers l'intérieur des terres, mais aussi de l'évacuation de cette main-d'œuvre qu'étaient les esclaves. On estime que plus de six millions de personnes ont été évacuées vers différentes régions du monde. Le fleuve Kwanza a ainsi été une route maritime pour la traite des esclaves. Pour cette raison, l'Angola souhaite que le corridor de Kwanza figure sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Ce qui lui permettrait d'être éligible aux financements des Nations unies. Pour l'ancien directeur de la Division du dialogue interculturel à l'Unesco, Doudou Diène, l'inscription du corridor de Kwanza contribuerait à restaurer la mémoire et les liens culturels. "Relier l'Afrique aux peuples de l'autre hémisphère signifie faire le lien entre les cultures [... ].Le système colonial était un système puissant, non pas de domination politique, mais d'effacement de la mémoire, de la culture et de l'identité", a déclaré Doudou Diène.

En effet, Doudou Diène pense que la mémoire, la culture et l'identité doivent aujourd'hui faire partie de la construction des nations de tous les pays africains. Pour donner consistance aux propos de Doudou Diène, Afonso Vita envisage d'organiser un festival biannuel de rencontre et de retrouvailles de l'africanité en Angola, qui va durer deux jours. Il consistera à des visites et une table ronde sur différentes questions en lien avec l'esclavage, combinant la mémoire et la célébration, " une manière de nous souvenir de la tragédie de l'esclavage, mais aussi de l'apport durable de millions d'Africains au reste du monde ", a-t-il conclu.

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