Afrique Centrale: Complexe sportif d'Olembe - Explications sur le différend entre le Cameroun et l'entreprise Magil

Au Cameroun, quelles suites pour le dossier Magil après les révélations de la semaine dernière ? Dans un courrier qui a fuité, signé par le ministre des Sports et adressé à la primature, on apprenait que la société de construction canadienne Magil aurait fait part de son intention de résilier son contrat pour l'achèvement des travaux du complexe sportif d'Olembe, faute de paiement de plusieurs factures de la part du gouvernement camerounais. En jeu : des dizaines de milliards de francs CFA. Pour l'instant, pas de commentaire à la présidence, pas de communication de Magil, mais un des hauts cadres de l'entreprise s'est déplacé à Yaoundé. Explications.

De source proche du dossier, Franck Mathiere, vice-président exécutif en charge de l'international chez Magil, est à Yaoundé pour participer à une réunion ce 10 janvier 2023, pilotée par la présidence de la République du Cameroun.

Sur les plans, le gigantesque complexe Olembe devait comporter, en plus du stade, d'un hôtel et d'un centre commercial, une piscine, un gymnase et des terrains de sports.

Mais le chantier, démarré par l'entreprise italienne Piccini en 2017, repris en 2019 par le canadien Magil (une filiale du groupe français Fayolle) est, dans les faits, à l'arrêt depuis la dernière Coupe d'Afrique des nations masculine de football (9 janvier-6 février 2022).

155 milliards de Francs CFA officiellement injectés dans le chantier

En cinq années de travaux, déjà 113 milliards de francs CFA (officiellement) ont été consommés par Picinni, selon le ministère des Sports et de l'Éducation physique (Minsep), soit l'équivalent de plus de 185 millions de dollars (plus de 170 millions d'euros). Et 42 milliards de FCFA l'ont été par Magil. Donc, au total, 155 milliards ont été injectés dans ce chantier.

Or, selon le ministère des Sports, Magil demande le paiement de plusieurs factures pour relancer les travaux.

Mais de son côté, le Minsep, maître d'ouvrage du chantier, reproche à la société canadienne lenteurs et surfacturations, entre autres. Des " stratagèmes ", pour " siphonner le budget ".

" L'État estime qu'il a donné beaucoup trop d'argent à Magil "

" Magil estime que l'État lui doit de l'argent, mais l'État estime qu'il a donné beaucoup trop d'argent à Magil par rapport aux travaux qui ont été réalisés, rétorque Cyrille Tollo, conseiller technique au ministère, en charge du dossier. Magil détient 42 milliards. Il y a une grande distorsion entre le taux de consommation du budget du projet et le taux d'avancement des travaux ".

Pour le Minsep, la filiale du groupe Fayolle doit justifier ce qu'il a fait de l'argent déjà versé. Le ministère affirme également que Magil doit près de 3 milliards de FCFA aux sous-traitants locaux et 10 milliards à l'entreprise française Razel-Bec. Un contentieux étant en cours, Razel-Bec ne souhaite pour l'heure faire aucun commentaire sur ce dossier.

La primature et la présidence n'ont pour l'instant rien dit. Si l'affaire n'est pas résolue à l'amiable, elle sera portée en justice. Dans ses vœux pour 2023, le président Paul Biya avait déclaré : " Ceux qui s'enrichissent illicitement, en spoliant l'État, vont rendre des comptes. "

Des comptes et de la transparence dans ce dossier, c'est ce que demandent des députés de l'opposition camerounaise.

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