Après plusieurs heures de débats, le Gouvernement et les acteurs du secteur du transport ont fait un diagnostic sans complaisance des causes des accidents de la route. Ainsi, 23 mesures phares ont été prises, lors du Conseil interministériel tenu hier, à Diamniadio, sous la présidence du Premier ministre Amadou Ba. Ces mesures doivent permettre de lutter efficacement contre les accidents de la route au lendemain de celui qui a fait 39 morts et une centaine de blessés dans la région de Kaffrine.
Le Gouvernement passe à l'action. Après plusieurs heures de discussions lors du Conseil interministériel tenu, hier, à Diamniadio, sur la sécurité routière, des mesures phares ont été annoncées pour réduire le nombre d'accidents sur la route. Ces mesures fortes prises tard dans la nuit ne feront plus l'objet de " report ni de compromis ", a précisé le chef du Gouvernement. Il invite tous les acteurs publics " à remédier au manque de suivi des mesures, principal talon d'Achille dans la lutte contre l'insécurité routière ". Il veut une " mobilisation collective sans faille " pour une mise en œuvre correcte des mesures prises. En effet, à l'issue du Conseil interministériel, Amadou Ba a invité les ministères des Forces armées, de l'Intérieur et des Transports terrestres à " soumettre au Gouvernement, dans un délai de 15 jours, un projet de décret portant mise en place d'une structure autonome multisectorielle dirigée par un officier supérieur, sous l'autorité du Ministre des Transports et chargée de l'application rigoureuse des dispositions du Code de la route ".
Interdiction de circuler entre 23 et 5 heures
Désormais, les véhicules de transport public interurbains sont interdits de voyager entre 23 heures et cinq heures. Ainsi, le Premier ministre a invité les Ministères de l'Intérieur et des Transports terrestres à prendre, dans les 72 heures, un arrêté allant dans ce sens. La durée d'exploitation des véhicules de transport de personnes est désormais de 10 ans. Quant à celle des véhicules de transport de marchandises, elle est fixée maintenant à 15 ans. Mansour Faye, Ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, a été invité par le Premier ministre à prendre un arrêté pour fixer la limitation de l'âge d'exploitation des véhicules.
Toujours dans le cadre des mesures prises pour mieux lutter contre l'insécurité routière, Amadou Ba a annoncé la poursuite du programme de modernisation et de renouvellement du parc automobile. Les Ministères des Finances, des Transports terrestres, de l'Economie et du Commerce ont été instruits par le Premier ministre à présenter, d'ici 15 jours, un plan d'accélération pour le renouvellement du parc. " Ce programme sera une priorité du Gouvernement inscrite dans le Pap-3 du Pse et dont le financement sera totalement mobilisé. D'ores et déjà, une partie de la subvention initialement destinée au secteur du transport sera affectée au renouvellement du parc des véhicules de transport ", a informé Amadou Ba.
Interdiction d'importation de pneus usagés
L'explosion d'un pneu d'un bus est l'une des causes de l'accident qui a coûté la vie à 39 personnes avant-hier sur la route de Kaolack. C'est pourquoi le Gouvernement a décidé d'interdire l'interdiction de l'importation des pneus usagés ou pneus d'occasion. Les ministères concernés ont été appelés à présenter un arrêté interdisant cette importation. La visite technique des véhicules de transport de personnes et de marchandises est rendue gratuite à Dakar. Au même moment, le Premier ministre a invité le Ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement à suspendre, pour une durée de trois mois, la visite technique des véhicules particuliers. Il a été aussi recommandé l'ouverture, dans les meilleurs délais, de centres de contrôle technique de véhicules dans les régions. Le chef du Gouvernement a invité le Ministre Mansour Faye à " prendre les dispositions nécessaires pour rendre obligatoire le plombage des compteurs de vitesse des véhicules de transport de personnes et de marchandises à 90 km/heure ".
Transformation des véhicules prohibée
Il est désormais interdit toute transformation des véhicules de transport en commun. Il n'est plus permis l'augmentation du nombre de places assises ou la création de porte-bagages supplémentaires. Dans ce sens, le Ministre des Transports terrestres est invité à prendre un arrêté dans les trois jours. Ceux déjà existants seront démantelés conformément à l'arrêté ministériel qui sera pris. Dans ces mesures, le chef du Gouvernement annonce la révision des conditions d'octroi de l'agrément de transport de même que des spécifications techniques des véhicules destinés au transport des personnes et des marchandises.
L'âge minimum pour l'obtention du permis de conduire des véhicules de transport urbain et interurbain de personnes est porté à 25 ans au moins. Pour le transport interurbain de marchandises, cet âge est fixé à partir de 23 ans. Les services du Ministère de la Santé seront désormais plus grandement impliqués dans l'appréciation des aptitudes physiques à conduire pour la délivrance et le renouvellement des permis de conduire.
Innovation de taille, le Premier ministre a annoncé un projet de dématérialisation du paiement des amendes et pénalités liées aux infractions routières dont les Ministères des Finances, des Forces armées et de l'Intérieur sont chargés de la mise en œuvre.
L'obligation du port de casque pour les conducteurs de motos a été réitérée dans ces mesures. Le Ministère des Transports terrestres prendra l'acte réglementaire y afférent. Les autorités sont appelées à veiller davantage au respect du Code du travail avec des contrats en bonne et due forme et paiement des cotisations sociales par les transporteurs.
L'Agence de sécurité routière a été renforcée par l'accélération de son déploiement et la création d'une école de formation et de perfectionnement aux métiers de conducteur des véhicules de transport public. Dans le même sillage, le Ministère des Finances et du Budget, le Ministère de l'Economie, le Ministère des Transports terrestres sont chargés de soumettre au Gouvernement, dans un délai de 15 jours, un plan de renforcement des sociétés nationales de transport public, pour augmenter, notamment leurs capacités.
Conseil supérieur de la Sécurité et de l'Education routières
Le retour des fourrières a été consacré dans le cadre de ce Conseil interministériel qui a annoncé la mise en place d'une unité de fourrière dans chaque département. Il s'y ajoute l'aménagement des aires de repos à l'entrée des grandes agglomérations. Le dispositif de secours et d'assistance médicale pour la prise en charge des victimes d'accidents de la route, les Ministères de l'Intérieur, des Finances, des Transports terrestres et de la Santé sont invités à prendre les dispositions nécessaires.
Afin d'éviter les travers ayant plombé les mesures prises dans le passé, le Premier ministre a soutenu que cet aspect qui constituait une sorte de faiblesse va être corrigé avec le Conseil supérieur de la Sécurité et de l'Education routières, logé à la Primature. Il sera opérationnalisé et assurera le suivi des recommandations.
Sécurité routière : Amadou Ba appelle à une mobilisation sans faille des pouvoirs publics
Le Premier ministre, Amadou Ba, a appelé, hier, à une mobilisation sans faille des pouvoirs publics pour arrêter l'hécatombe sur les routes. Le chef du Gouvernement a présidé, à Diamniadio, un Conseil interministériel sur la sécurité routière au lendemain du drame de Sikilo (Kaffrine).
Dès le lendemain de la tragédie mortelle survenue dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 janvier 2023 à Sikilo, le Gouvernement a organisé une rencontre avec les acteurs routiers pour stopper le fléau des accidents de la route. Le chef du Gouvernement, Amadou Ba, a ainsi présidé, hier à Diamniadio, un Conseil interministériel sur la sécurité routière en présence de tous les acteurs. La rencontre qui devait commencer à 16 h 30, a connu trois heures de retard. Le Premier ministre, qui a présenté ses excuses pour la longue attente, en a donné une explication : " C'est un dossier important pour l'Etat, on avait un travail de coordination à terminer ". Il a ensuite demandé une minute de silence pour les victimes de l'accident de Sikilo. En effet, l'Etat ne veut plus revivre un tel drame. Trente-neuf personnes sont mortes lors de cette collision entre deux bus de transport en commun non loin de Kaffrine.
Les accidents de la circulation, a rappelé le Premier ministre, sont les premières causes de décès au Sénégal. Les routes tuent plus de 700 personnes par an. Les chiffres sont insupportables car, au-delà des décès, des milliers de Sénégalais traînent des séquelles à cause des accidents. Ils sont devenus des invalides. Cette " hécatombe doit cesser ", a déclaré l'ancien ministre des Affaires étrangères. À son avis, il y a " obligation et urgence d'agir pour mettre un terme définitif à ce drame ". Face à la recrudescence de ces accidents, l'heure n'est plus à l'indignation. Il faut, d'après Amadou Ba, " porter un message de responsabilité " car, tous les jours, de nombreuses familles sont endeuillées à cause des accidents de la circulation. Pourtant, beaucoup de ces décès pouvaient être évités avec des comportements plus responsables sur la route. Le Premier ministre appelle à " une mobilisation sans faille des pouvoirs publics " mais aussi à " une évolution importante des comportements " pour réussir le pari de réduire drastiquement les accidents mortels sur les routes. " J'en appelle au sens de la responsabilité de tous les Sénégalais ", a invité le chef du Gouvernement.
Le coût de l'insécurité routière estimé 160 milliards de FCfa
Par ailleurs, au-delà des pertes en vies humaines et des milliers de blessés, le Sénégal perd beaucoup sur les plans économique et social. " Le coût économique de l'insécurité routière dans notre pays est aujourd'hui estimé à 160 milliards de FCfa, soit 2% du Pib ", a informé le Premier ministre. Ces accidents ne laissent personne indifférent. Du chauffeur au passager, tout le monde perd dans ces accidents. Le Premier ministre appelle à une réaction collective pour arrêter ces drames. " Dans bien des cas, ce n'est pas la route qui tue. Ce n'est pas la voiture qui tue. Mais, à travers chaque accident, ce sont des hommes ou des femmes qui causent la mort. Parfois par négligence ou par imprudence ; par refus délibéré des règles ou par indifférence des autres ", a déploré M. Ba, dans son discours d'ouverture.
Prévenir et réprimer les comportements irresponsables
Face à la recrudescence des accidents de la route, " les autorités publiques doivent prévenir et réprimer les comportements individuels irresponsables ", a soutenu, hier, le Premier ministre, Amadou Ba. Dans son discours, le chef du Gouvernement a rappelé que tous les facteurs de risque d'accident que sont l'alcool et les drogues au volant, l'excès de vitesse " ne sont pas tolérables ". Il appelle à la mise en place d'une " politique de contrôle et de sanction efficace, garantissant le respect de règles clairement définies ". " Prévention et sanction seront donc, dit-il, deux volets totalement complémentaires de l'action gouvernementale. Préconise-t-il ainsi des mesures de " rupture " pour un changement de comportement des conducteurs et des usagers de la route. À la fin du Conseil interministériel, tous les acteurs, qui gravitent autour du secteur des transports, vont formuler une série de mesures. Il s'agira, selon le Premier ministre, de mesures " claires, réalisables dans l'immédiat ou à court terme ".