Congo-Brazzaville: Atteinte à la liberté de presse - L' Olpa s'inquiète de l'interpellation de deux journalistes à Goma

L'Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa) se dit profondément stupéfaite après une brève interpellation de Faustin Dunia Chançard et Johnson Ushindi, respectivement directeur général de Lifeup TV et journaliste à Fast TV, médias basés à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

L'interpellation des deux journalistes, indique Olpa, constitue manifestement une atteinte grave à la liberté de presse garantie par la législation congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l'homme. Il exige une enquête pour identifier les auteurs de ces actes afin qu'ils subissent la rigueur de la loi.

Dans un communiqué du 10 janvier, l'Observatoire indique que les deux journalistes ont été interpellés le 9 janvier par des éléments de la Garde républicaine commis à la sécurité d'une concession querellée, au quartier Himbi, en face du gouvernorat de province. C'était, explique-t-il, au moment où ils effectuaient un reportage d'un rassemblement organisé devant le bureau du gouverneur militaire par un groupe de jeunes de Goma dénonçant la spoliation d'un espace public par un opérateur économique local. " Faustin Dunia Chançard et Johnson Ushindi ont été menottés puis conduits manu militari dans un cachot situé non loin du terrain spolié et privés de liberté pendant quatre heures. Tous les effets qu'ils détenaient par devers eux (cartes mémoires contenant les images du reportage, porte-monnaie, cartes de service, téléphones... ) ont été confisqués ", a indiqué l'Olpa.

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La reprise des émissions d'une radio à Kabinda

Cet Observatoire exige également, dans un autre communiqué du même jour, la reprise immédiate et inconditionnelle des émissions de la radio "Tokomi wapi", station privée émettant à Kabinda, chef-lieu de la province de Lomami.

Il se déclare surpris par la mesure excessive de la suspension des émissions de ce média qui est de nature à porter atteinte au droit d'informer et d'être informé garanti par la législation congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l'homme. L'Olpa appelle les autorités provinciales de Lomami à rouvrir sans condition cette radio et à favoriser l'exercice de la liberté de la presse sur toute l'étendue de la province.

La radio "Tokomi wapi" a été suspendue le 9 janvier pour une durée indéterminée par le ministre provincial de la Communication et des Médias de Lomami, Pascal-Ernest Mulumba Kalenda. Une décision prise lors d'une réunion du Conseil provincial de sécurité tenue le 6 janvier à Kabinda. " Ce média est accusé de non-respect du cahier de charges, d'incitation de la population au tribalisme, à la révolte et à la désobéissance civile et du non-respect de l'éthique et de la déontologie journalistique ", a précisé l'Olpa, ajoutant que ces accusations ont été rejetées par le responsable de la radio.

Il rappelle, par ailleurs, que ce média ait également été réduit au silence, le 3 février 2022, par l'ancien ministre provincial de la Communication et des Médias, Jean-Hilaire Kazadi, en l'absence du gouverneur provincial. " Il accusait aussi la radio de tenir des propos discourtois à l'endroit des autorités locales et nationales et de troubler l'ordre public. La suspension avait été levée onze jours plus tard par le gouverneur intérimaire de province de Lomami, Edouard Mulumba Mudiandambu ", se souvient l'Olpa.

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