Madagascar: L'ONG de reboisement Graine de Vie réduit ses activités et lance un cri d'alarme

Cri d'alarme lancé par Frédéric Debouche, le mardi 10 janvier 2022. Face à une trentaine de journalistes, l'ONG Graine de Vie spécialisée dans le reboisement intégré à la vie locale, a annoncé réduire d'un tiers ses activités sur l'île, du fait de la mauvaise gouvernance en matière de reforestation.

" Nous perdons la bataille et personne ne s'en émeut ". À Madagascar, c'est un cri d'alarme que vient de lancer la plus importante ONG de reboisement du pays. Graine de vie, c'est son nom, a annoncé mardi 10 janvier lors d'une conférence de presse coup de poing, réduire drastiquement ses activités sur l'île pour se consacrer aux 6 autres pays du continent dans lesquels elle intervient aussi et où les États font, semble-t-il, preuve de plus de volonté en matière de lutte contre la déforestation. Une claque pour l'île Rouge, qui voit s'éloigner l'un de ses meilleurs partenaires, présent depuis 2009. Une décision mûrement réfléchie, expliquée face à la presse par son président.

En introduction de la conférence, une vidéo qui fait l'effet d'un uppercut. Des images, vues du ciel, de l'opération de reboisement menée en février dernier. 50 000 arbres plantés dans la Réserve spéciale d'Ambohitantely. Puis quelques secondes après, les mêmes images, tournées en octobre, de ces 50 000 arbres, tous carbonisés.

Pour Frédéric Debouche, le président de Graine de Vie, ONG qui a créé et gère 322 pépinières dans tout le pays et replante chaque année plus de 10 millions d'arbres, ce énième incendie, volontaire, a été celui de trop.

" Je vous avoue qu'il n'y a qu'un tiers de mes arbres qui survivent après un an ! Parce que derrière, c'est le carnage ! On fait des efforts, on plante, on replante, on donne des arbres à toute la population, et ensuite, rien ne se passe. À un moment donné, on en a marre. "

L'ONG dénonce la généralisation des reboisements surmédiatisés effectués sans cohérence, avec les saisons, ni avec les essences, ni suivi, et refuse de se rendre complice de ces opérations qu'elle qualifie de Green Washing étatique quand d'un autre côté :

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" J'ai vu un maire pleurer avant-hier. Sa vie est menacée, par les gens qui défrichent les forêts. Et l'État ne fait rien. Il n'est pas protégé. Et quand le maire interpelle ces personnes qui coupent les arbres dans les parcs nationaux, qu'il les conduit à la gendarmerie, ces gens ressortent plus rapidement que lui. Il y a un problème. Et les lois sont là ! Il suffit d'appliquer les lois. Il suffit qu'il y ait une vraie volonté pour faire appliquer ces lois. L'anarchie environnementale, ça doit suffire. "

L'ONG a donc annoncé réduire d'un tiers tous ses projets à Madagascar.

En 60 ans, la Grande Île a perdu la moitié de ses forêts. Au rythme actuel de la déforestation dans le pays, les experts estiment que dans deux générations, toutes ici auront disparu.

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